Il exhibait sans retenue sa vie de rêve sur les réseaux sociaux : voitures de luxe (souvent accidentées), dîners fastueux à base de steaks hors de prix, et escapades à Dubaï ou ailleurs. Cain Ransbottyn, figure flamboyante du monde crypto, vient d’être arrêté aux États-Unis. Il est soupçonné de blanchiment d’argent.
« Qu’il ait pu me manipuler ainsi m’a profondément brisé. »
« Enfin », souffle un entrepreneur flamand floué, à qui Ransbottyn doit près d’un million d’euros. « Qu’il ait pu me manipuler ainsi m’a profondément brisé. »
Le 25 octobre 2023, le tribunal civil d’Anvers a condamné par défaut Cain Ransbottyn à verser 1.171.000 euros à un homme d’affaires prospère du Brabant flamand. Depuis, pas un centime n’a été remboursé.
La victime, qui préfère garder l’anonymat, raconte avoir tenté en vain de le contacter : appels ignorés, messages restés sans réponse. Pendant ce temps, elle voyait défiler sur les réseaux sociaux les images provocantes de son débiteur.
Ransbottyn trinquant au champagne dans un bar VIP, posant en maître des lieux au bord d’une piscine à débordement sur le toit d’un hôtel de luxe, ou étalant son appétit dans un restaurant chic où il commandait six entrées à la fois. « Pendant que je comptais mes pertes, lui comptait les likes. », confie-t-elle, amère.
Nourrir ses poules chinoises avec du caviar
Dans d’autres publications tout aussi extravagantes, Cain Ransbottyn s’amuse à nourrir ses poules chinoises — des poules soyeuses — avec un mélange de salade de thon… et de caviar.
« Rien que le meilleur pour mes silkies », écrivait-il avec un aplomb déconcertant.
Exilé du luxe flamand à Las Vegas, puis rattrapé par la justice
À l’époque, Cain Ransbottyn résidait encore à Brasschaat, dans la province d’Anvers. Il occupait une villa qu’il louait pour 3.000 euros par mois. Mais en cessant de payer son loyer, il a fini par être expulsé. C’est à Las Vegas qu’il a trouvé refuge, menant grand train jusqu’à son arrestation, survenue jeudi dernier.
Sur le site officiel de l’US Immigration and Customs Enforcement (ICE), son mugshot figure désormais noir sur blanc. On y voit Ransbottyn, le regard dur, menotté à l’arrière d’un véhicule. Les autorités américaines précisent qu’il a été interpellé à la demande de la Belgique, dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent.
Un passé judiciaire déjà chargé
Ce n’est pas la première fois que l’entrepreneur déchu a affaire à la justice. En 2022, il avait déjà été condamné pénalement à la suite de la faillite d’une société aux contours flous, active à la fois dans le conseil, l’import-export, le lettrage et même la formation commerciale.
Le tribunal de première instance d’Anvers l’avait alors reconnu coupable de détournement d’actifs, de blanchiment, et d’avoir volontairement maintenu une illusion de solvabilité en ne réglant jamais ses créanciers publics. Le jugement était sévère : 15 mois de prison, 8.000 euros d’amende, cinq ans d’interdiction professionnelle, et plus de 130.000 euros à restituer au fisc.
Une nouvelle enquête en cours
Le parquet d’Anvers confirme aujourd’hui l’existence d’une nouvelle enquête visant Cain Ransbottyn, ouverte à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile. Aucune information officielle supplémentaire n’a été communiquée, mais selon nos sources, plusieurs membres de son entourage auraient récemment été entendus par les enquêteurs.
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Source: 7sur7.be.