Il s’appelle Alain-Daniel Jollois. Au compteur d’âge, il a passé la barre des 60 ans. Mais depuis ses 24 ans, l’homme était déjà un féru d’escroquerie. Emissaire du président français par ici, officier britannique par là, producteur de cinéma ailleurs, Alain-Daniel se sert de toutes les identités et enchaîne les arnaques sans ciller. Au nombre de ses victimes, des élus locaux, des commerçants, des municipalités entières, des femmes à la recherche de relations amoureuses, etc. Portrait d’un homme aux multiples identités prestigieuses et fausses, un escroc et mythomane qui ne regrette visiblement pas son panégyrique.
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ToggleAlain-Daniel Jollois, l’escroc aux mille visages
Il a mille visages, pourtant Alain-Daniel Jollois continue de perdre la face. Du haut de ses 60 ans, il vit toujours au RSA. Doté d’impressionnantes qualités naturelles de persuasion, l’homme aura perdu sa vie à escroquer des gens. Sa stratégie est restée la même : se faire passer pour un personnage important pour vivre aux dépens des autres, le temps que sa combine se fasse remarquer. Parfois, il n’est démasqué que bien tard, lorsque le mal est fait.
C’est le cas, notamment en 1987, lorsque pendant plus de 6 mois, il vit dans les bonnes grâces des élus locaux d’Amiens, en se faisant passer pour un émissaire du président de la république française. Il leur avait avaler le mensonge selon lequel il devait organiser une rencontre les présidents de la France, de l’Italie et de la Grèce.
Agé alors de 24 ans seulement, il sera démasqué après plusieurs mois et condamné pour « usurpation de fonction », « escroquerie » et « grivèlerie ». Sa peine ? Le tribunal correctionnel d’Amiens lui flanque une condamnation à 18 mois de prison dont 6 avec sursis.
Mais Alain-Daniel Jollois avait déjà résolument planifiée sa carrière d’escroc, puisqu’après sa libération, il engrangera plusieurs condamnations pour « filouterie de chambre et d’aliments », puisqu’il se faisait régulièrement héberger et servir dans des hôtels et s’en allait sans payer la note.
Réalisateur ou Lord britannique ? Alain-Daniel Jollois récidive
Alain-Daniel Jollois n’arrêtera pas son activité d’escroquerie puisqu’en 1992, il ajoute 3 ans d’emprisonnement à son impressionnant casier judiciaire pour s’être rendu coupable d’ « escroquerie à la fausse qualité ». Visiblement décidé à établir un record de malfaisance, il revient à la charge en 1996 et cible cette fois-ci la région d’Indre-et-Loire.
Pendant plusieurs semaines, tout le monde se laisse berner par celui qui leur fait croire qu’il est en mission de repérage pour le compte d’une agence de production cinématographique américaine dans le cadre du tournage d’un film de Steven Spielberg dans la municipalité de Chinon.
Emballé, le conseil régional couvre ses dépenses. Le temps qu’ils réalisent que c’est plutôt Alain-Daniel Jollois qui jouait un film sous leurs yeux, le prétendu réalisateur avait déjà pris la fuite. Les années suivantes, l’autrefois réalisateur crée un nouveau scénario dans lequel il est officier supérieur britannique. Il vit sur le compte d’un homme à qui il promet un travail dans l’armée britannique. Il profite de trois voitures qu’il n’achètera jamais comme il l’avait promis.
Alain-Daniel Jollois deviendra ensuite un Lord britannique, membre du clan McGregor qu’il dit posséder près de 4 000 appartements à Paris. Un agent immobilier parisien mord à l’hameçon avant de se mordre les doigts. Il a hébergé le prétendu McGregor à Paris et pris en charge tous les frais qui s’élèvent à plus de 12 000 euros, avant de se rendre compte qu’il avait subventionné les illusions d’un mythomane.
Après un séjour d’un an dans le centre pénitentiaire de Bordeaux, Alain-Daniel Jollois, attendant alors d’être jugé. Il réussit un autre coup en 2000 alors qu’il est sous une assignation à résidence à Périgueux. Il commande un Land Rover et une moto sous le nom de Daniel Goldenberg, commande pour laquelle le vendeur ne recevra jamais le paiement et qui lui seront retirés.
Alain-Daniel Jollois, l’homme qui a escroqué toute une municipalité
En 2002, l’infatigable Jollois joue à nouveau la carte du réalisateur et mène toute une municipalité en bateau. Il fait croire à la mairie de Périgueux qu’il va y tourner un court métrage inspiré d’un célèbre film de 1946. Il réussit à obtenir le soutien de la mairie qui lui octroie une autorisation, du matériel, et des policiers.
Alain-Daniel Jollois fait encore croire à la mairie que la célèbre actrice Julia Roberts participera au court métrage. Il émet un chèque sans provision de 30 500 euros censé servir à réserver une maison, des voitures, des chambres d’hôtels, une large équipe de sécurité.
Armé d’un cran digne d’un carnivore, il suit l’équipe jusqu’à l’aéroport où devait atterrir le jet privé de Julia Robert. Julia Robert n’est jamais arrivée. En mars 2003, la justice se saisit de cet intrépide arnaqueur.
Elle le condamne pour 18 mois d’emprisonnement avec sursis et deux années de mise à l’épreuve. Finalement, l’homme au panégyrique stupéfiant n’ira pas en prison, ayant déjà passé 12 mois en détention provisoire.
Malgré les multiples condamnations, Alain-Daniel Jollois retourne à son art. En 2005, il s’octroie l’identité d’un cinéaste, se fait appeler Laponie Hallon et prend une suite au Manoir des Chanterelles à Meauzac. Quelques jours plus tard, profitant de la nuit sombre, il s’enfuit avec la voiture du propriétaire des lieux sans payer sa note.
Alain-Daniel Jollois investi les sites de rencontre
Après plusieurs autres coups, Alain-Daniel Jollois se tourne vers les sites de rencontre où il soutire 80 000 euros à une dame qui croit avoir fait un prêt à un Lord écossais. Le fameux prêt ne sera jamais remboursé. Plusieurs autres femmes subissent des arnaques sentimentales avec Jollois. Sa toute dernière frappe connue, c’était en décembre 2023 à Paris.
L’homme aux mille visages s’est fait passer pour un membre en retraite du M16, les services secrets britanniques. Sa victime, une parisienne, confie que le soi-disant Andrew McGregor « n’avait pas un vrai accent britannique ».
A ce jour, le multirécidiviste continue sa course. Même s’il aurait pu s’offrir une vie meilleure que celle d’un sexagénaire vivant au RSA, il est toujours en liberté et pourrait bientôt faire une victime près de vous. Gardez les yeux ouverts.
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