A l’issue du premier tour des élections présidentielles, ce 23 avril, Emmanuel Macron est arrivé en tête avec un score de 23,9% suivi de Marine Le Pen avec 21,4%. Le candidat du mouvement En Marche remporte 8 528 585 voix contre 7 658 990 pour la candidate du FN. Éclairage sur les projets économiques et budgétaires des candidats.
> Marine Le Pen
Le programme économique de la candidate du parti du Front national, très peu détaillé, est articulé autour de la sortie de la France de la monnaie Euro et de l’espace Schengen, et de la mise en place d’un protectionnisme économique.
Plan de financement
Marine Le Pen propose de redonner 40 milliards d’euros aux Français en baissant les impôts des ménages et en augmentant leur pouvoir d’achat. Selon son programme, la baisse de l’impôt sur le revenu redonnera 11 milliards d’euros. Elle prévoit de revaloriser le minimum vieillesse de 20% et rétablir l’universalité des allocations familiales et la protection au logement pour les jeunes. L’allocation adulte handicapé (AH) sera également augmentée de 20 %. Elle compte aussi diminuer l’imposition sur les TPE-PME en la faisant passer de 33 % à 24 %. Le CICE (Crédit d’impôt et compétitivité emploi) sera fusionné avec l’ensemble des allègements des charges et conditionné au maintien de l’emploi. Elle prévoit d’embaucher 15 000 fonctionnaires dans la police et la douane et 50 000 militaires en plus. Le budget de la défense atteindra 3 % du PIB d’ici 5 ans contre 1,8 % aujourd’hui.
Réduction des dépenses publiques et réforme fiscale
Marine Le Pen estime qu’une sortie de l’UE permettrait d’économiser l’argent de la contribution française à cette union. Elle a fondé tout son programme sur la notion de « préférence nationale », incarnée par quelques mesures phares comme la taxation de l’embauche d’un salarié étranger à hauteur de 10 % d’une part, et la taxation sur les produits et services importés à hauteur de 3 % d’autre part. Elle prévoit effectivement de réduire la dépense publique en supprimant l’Aide Médicale d’État (AME) pour les immigrants, en réduisant les doublons dans la fonction territoriale et en réformant la gestion de la délinquance. Son objectif ? La part des dépenses publiques atteindra 53,4 % du PIB en 2022 contre 56,2% actuellement. De plus, elle compte dégager 60 milliards d’euros en 5 ans en gérant plus efficacement la sécurité sociale, la fraude fiscale et l’évasion fiscale. Avec ces mesures, elle compte donc ramener le déficit de 4,5 % à 1,3 % en 2022. Sa réforme territoriale (suppression de l’intercommunalité obligatoire et des régions) engendrera d’importantes suppressions de doublons. Elle prévoit aussi de créer un bouclier social pour les indépendants.
Et concrètement, dans la vie de tous les jours?
Marine Le Pen est favorable au maintien de la durée légale du temps de travail à 35 heures, mais laissera aux branches la possibilité d’allonger le temps de travail. Les heures supplémentaires seront défiscalisées. Elle propose d’intégrer la taxe d’habitation à l’impôt sur le revenu (IR). Sécuriser les dépôts des épargnants en abrogeant la directive européenne sur l’union bancaire est l’une des dispositions de la loi sapin 2. Elle propose également de baisser de 10% l’IR sur les trois premières tranches et de supprimer le prélèvement à la source.
Économie et finance à l’échelle internationale
Marine Le Pen rejette les deux accords de libre-échange nord-américain, le TAFTA et le CETA. Elle promet de maintenir l’ISF tout en harmonisant les conventions fiscales. Elle envisage, par ailleurs, de dénoncer les conventions fiscales avec les pays du Golfe. Enfin, elle luttera contre l’évasion fiscale en s’attaquant aux paradis fiscaux et en créant une taxe sur l’activité réalisée en France par les grands groupes.
> Emmanuel Macron
Le programme économique du candidat du mouvement En Marche semble, dans les chiffrages, peu détaillé qu’il veut bien communiquer, suivre une ligne de crête entre coupes budgétaires et investissements.
Plan de financement
Côté investissement, Emmanuel Macron envisage une enveloppe de 50 milliards d’euros dont 30 milliards répartis équitablement pour la transition écologique et pour le développement de la formation et des compétences. Cinq milliards seront attribués pour chacune des grandes thématiques que sont, la santé, la transformation de l’agriculture, la modernisation de l’administration et les transports et équipement collectifs.
Réduction des dépenses publiques et réforme fiscale
Pour réaliser des économies budgétaires à hauteur de 60 milliards d’euros, Emmanuel Macron va puiser 25 milliards dans la sphère sociale en diminuant l’assurance chômage de 7 % côté employé et en réduisant les dépenses d’assurances maladie. Emmanuel Macron compte également baisser les dépenses de l’État de 25 milliards en supprimant 120 000 postes de la fonction publique et en la modernisant. Enfin, 10 milliards d’euros seront économisés grâce à une diminution des dépenses des collectivités locales. La part des dépenses publiques sera de 52 % du PIB en 2022 contre 56,2 % en 2016.
Et concrètement, dans la vie de tous les jours?
Emmanuel Macron souhaite assouplir les 35 heures en permettant des accords par branches et par entreprises. Il veut soutenir le pouvoir d’achat des Français en débloquant l’équivalent d’un 13e mois pour les salariés au SMIC en supprimant les cotisations salariales et maladies à la charge des salariés, et en augmentant de 50 % la prime d’activité. De plus, il propose d’exonérer 80 % des ménages de la taxe d’habitation. Il favorisera la compétitivité des entreprises en transformant le CICE en allègement des charges patronales sur les salaires plafonnant au SMIC et il baissera l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % à l’issue du quinquennat. Pour encourager l’épargne vers l’économie productive, il va mettre en place un prélèvement forfaitaire unique pour tous les revenus du capital mobilier et remplacer l’ISF par un impôt sur la fortune immobilière. Côté fiscalité écologique, il alignera progressivement la fiscalité du diesel sur l’essence. Enfin, pour faciliter le développement de l’économie indépendante, il promet que le Régime social des Indépendants sera adossé aux caisses de régime général. L’assurance chômage n’existera plus et sera remplacée par une allocation chômage universelle financée par les entreprises et la CSG augmentée de 1,7 point.
Économie et finance à l’échelle internationale
Pour le volet concernant la fraude de l’impôt, Emmanuel Macron ne compte apparemment pas faire preuve d’ingérence. Il propose simplement d’alourdir les sanctions contre cette fraude fiscale. Il veut créer un budget pour la zone euro et un poste de ministre de l’Économie de la zone euro, qui aura la responsabilité du budget de la zone sous le contrôle d’un Parlement rassemblant les parlementaires européens des États membres. Emmanuel Macron est également favorable au CETA et au TAFTA, projets de libres échanges entre les États-Unis/ le Canada et l’UE. Il espère lutter contre la montée des discours anti-Europe en se rapprochant de l’Allemagne et en proposant la tenue de conférences citoyennes européennes.