Derrière tous ces sites d’information sur les cryptos, le trading ou les jeux d’argent en apparence neutre, se cache une industrie du recrutement de clients.
Sommaire
Toggle- Le « site de référence » sur les cryptos est basé dans les îles Marshall
- Blockwise media LTD, la maison-mère de cryptonews, vend du lead
- Cryptonews est-elle en Lituanie?
- L’un des fondateurs de Cryptonews est lié à l’industrie des casinos en ligne
- Adam Grunwerg et le groupe Finixio
- Finixio se porte bien: +533% en 2021
- Pourquoi des sites d’information avec des disclaimers?
- cryptonaute.com et actufinance.fr font de la publicité pour une arnaque
Le « site de référence » sur les cryptos est basé dans les îles Marshall
Cryptonews se présente comme « le site référence où trouver toutes les actualités et les dernières nouvelles concernant la blockchain et les cryptomonnaies ». Pas moins… En France? Dans le monde francophone? En Suisse? Dans le monde? Ce n’est pas précisé.
On y trouve « des guides, des éditoriaux, ainsi que des analyses, le but étant de familiariser le grand public au monde des cryptos, et de l’aider à comprendre comment utiliser ces nouvelles technologies dès maintenant… pour demain ». Merci Cryptonews!
Si je veux rencontrer vos journalistes, où dois-je me rendre? Où se trouve votre siège social? Sur votre site, il est écrit que vous appartenez à Blockwise media LTD, Trust Company Complex, Ajeltake Road, Ajeltake Island, Majuro, Republic of the Marshall Islands. Cryptonews se trouve aux Îles Marshall, ce paradis fiscal et pavillon de complaisance de l’océan Pacifique?
Cette adresse est justement répertoriée par l’ICIJ, qui gère les données issues des différents leaks de paradis fiscaux. Il s’agit sans doute d’une boite aux lettres, une adresse fictive qui permet de faire « comme si » l’entreprise était effectivement sur cet atoll perdu dans l’océan. Sans y être véritablement.
ID, 'entite', true); if(!empty($entite)) $entiteWithSpace = str_replace(['_'],[' '],$entite); $nb = countVictimsMERFor($entite); ?>Vous êtes victime de cette arnaque ? Obtenez justice !
Blockwise media LTD, la maison-mère de cryptonews, vend du lead
Cela ne nous dit pas où se trouve véritablement Cryptonews et sa maison mère, Blockwise media LTD, dont le site internet est blockwisemedia.com
« Blockwise Media est spécialisé dans les services de marketing numérique et la génération de leads. Nous gérons des sites web de grande valeur et des campagnes publicitaires pour nos clients. Nous travaillons à l’échelle mondiale et pouvons adapter n’importe quelle campagne à vos besoins » est-il écrit sur son site.
La maison mère vend des leads, c’est-à-dire des données personnes de personnes qui seront ensuite démarchées par les entreprises auxquelles ces leads ont été vendues. Cela complique l’impartialité de sa filiale Cryptonews, qui n’hésite pourtant pas à écrire sur son site: « nos standards journalistiques tels l’impartialité, l’honnêteté, la transparence et la justesse, vous aideront à naviguer au sein de cette industrie des plus dynamiques ».
Cryptonews est-elle en Lituanie?
Est-ce que Cryptonews est en Lituanie? En effet, on peut lire sur le site que « cryptonews.com est soutenu par Antanas Guoga, un passionné de la blockchain, fondateur du Centre International Blockchain à Vilnius en Lituanie, entrepreneur, et Membre du Parlement européen. Guoga est aussi connu sous le pseudonyme TonyG dans le monde du poker, grâce à son calibre de joueur de haut niveau et son flair en tant que fondateur de Pokernews.com (vendu en 2014) ».
Non. Cryptonews n’est sans doute pas en Lituanie. Pour essayer de le localiser, nous nous sommes intéresser à ceux qui travaillent pour le groupe propriétaire de Cryptonews, à commencer par ses propriétaires et fondateurs.
L’un des fondateurs de Cryptonews est lié à l’industrie des casinos en ligne
Premier constat: les connexions sont nombreuses entre les personnes liées à ces sites et l’univers des jeux d’argent. Nous le savions déjà: il n’y pas de différences à priori entre la spéculation boursière et les jeux d’argent, comme nous l’avons expliqué dans la vidéo ci-dessous. C’est là tout le danger de tous ces sites qui vous proposent de spéculer: ils vous propose des jeux d’argent qui ne disent pas leur nom. Ce n’est donc pas une coïncidence si l’on trouve des publicités pour des jeux d’argent sur Cryptonews.
Pas étonnant non plus que l’un des fondateur du groupe auquel appartient Cryptonews, Samuel Miranda, a fait pratiquement toute sa carrière dans l’industrie des jeux d’argent et/ou le trading. Il a travaillé pour PokerStrategy.com, chez tradimotradimo à Gibraltar, chez Right Casino Media Limited, chez catenamedia.com qui vend des données personnels de joueurs et parieurs oua chez investoogroup.com qui trouve de la clientèle pour des sites de trading. Il a même fait un détour par le trading via Gibraltar.
Cryptonews publie d’ailleurs beaucoup de publicités pour des jeux d’argent. Pour rappel, en France, les jeux d’argent sont interdits. Il existe des exceptions très encadrées, par exemple pour les casinos physiques ou les paris sportifs. Mais le principe reste en vigueur, particulièrement pour les casinos en ligne: ils sont interdits. Est-ce que Cryptonews méconnait cette interdiction en promouvant des casinos et en vendant des leads pour des sites de casinos?
La plupart des rédacteurs travaillant pour le groupe auquel appartient cryptonews ont également collaboré avec des groupes liés au trading et aux jeux d’argent. Ce n’est donc pas une coïncidence.
Adam Grunwerg et le groupe Finixio
A la tête de Cryptonews, on trouve également Adam Grunwerg. Lui aussi, il a fait sa carrière dans l’industrie des jeux d’argent. Il s’est associé à Samuel Miranda pour créer plusieurs sociétés:
Ce groupe est avant tout une entreprise de communication. Ses revenus proviennent de la publicité pour des services de trading, cryptos et jeux d’argent auxquels elle vend des données personnelles. Pour y parvenir, elle a créé toutes sortes de sites internet qui, en ayant l’air d’informer objectivement, distille une propagande visant à donner envie à ses lecteur de jouer, trader, investir. Parmi ces sites, on trouve:
- business2community.com. Ce site présente comme siège social Clickout Media Ltd AA PH, Camilleri Buildings, Oratory Street, Naxxar, NXR 2504, Malte.
- cryptonaute.fr, un « un média en ligne français » basé à Londres, au siège de Finixio.
- actufinance.fr, qui ne se revendique pas ouvertement comme propriété de Finixio mais dont nous pensons qu’il appartient à Finixio car les contenus et les employés sont sensiblement les mêmes. Actufinance n’a pas de mentions légales. actufinance.fr fait même l’objet d’un signalement sur le site Signal-Arnaque.com.
- coincierge.de, germanophone
- techopedia.com
Finixio se porte bien: +533% en 2021
Finixio a également lancé ses propres tokens, tels que:
- luckyblock.com, un site « exploité par Entretenimiento Rojo B.V., une société enregistrée au registre du commerce de Curaçao sous le numéro 152924 ». Un site illégal en France donc. Le Curaçao est un paradis fiscal et réglementaire qui s’est spécialisé dans les jeux d’argent modifiant ses lois dans un sens laxiste afin d’attirer artificiellement cette activité. Curaçao est l’équivalent pour l’Amérique de Malte en Europe.
- battleinfinity.io
- tamadoge.io
Le groupe Finixio se porte plutôt bien si l’on s’en tient à son dernier audit. Ses profits ont bondi de 533% pour frôler les 16 millions de livres sterling en 2021. Le trading, les jeux d’argent et les cryptos rapportent beaucoup. Enfin… Le recrutement d’investisseurs et de victimes de trading, de jeux d’argent et de cryptos rapporte beaucoup. Nuance.
D’après une source confidentielle, le groupe serait parvenu à lever près de 15 millions de livres sterling auprès d’investisseurs.
Pourquoi des sites d’information avec des disclaimers?
Tous ces sites qui se présentent comme des sites d’information désintéressés et professionnels publient systématiquement des disclaimers. Les disclaimers sont des avertissements qui permettent à ces sites de se déresponsabiliser des conséquences éventuelles de leurs publications. C’est généralement sur les publicités qu’on les trouve, pour limiter la responsabilité de l’annonceur.
Sur Cryptonews, on peut ainsi lire que « CryptoNews n’accepte aucune responsabilité pour les erreurs sur ce site (…). CryptoNews n’accepte aucune responsabilité pour les pertes liées au trading ou à l’investissement subies par les visiteurs de CryptoNews, même si elles sont le résultat d’erreurs ».
Sur Cryptonaute, il est carrément écrit que « jusqu’à 67% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils négocient avec les courtiers présents sur ce site ». Ce site s’adresse au grand public pour mettre en avant des sites de trading dans lesquels les deux tiers des clients perdent de l’argent. Cette information est donc biaisée et intéressée. Pire, les sites sur lesquels les particuliers perdent leur argent récupèrent souvent les pertes de leurs clients en prenant la contrepartie de leurs ordre. Comme au casino… L’AMF en France a démontré que 90% des particuliers qui se lancent dans le trading perdent leur argent.
Tous les sites du groupe Finixio pratiquent les liens d’affiliation. Cela signifie que si vous ouvrez un compte chez un casino, un site de trading ou un site de crypto, ce site sait que vous êtes arrivez là grâce à FInixio et ce dernier va être rémunéré pour cela.
cryptonaute.com et actufinance.fr font de la publicité pour une arnaque
Le problème, c’est que l’on retrouve régulièrement dans ces liens sponsorisés des liens qui promeuvent des arnaques. Illustration avec cet article intitulé « Altrix Edge : un robot de trading fiable ou arnaque ? » et publié sur le site cryptonaute.com.
Il est parsemé de liens sponsorisés d’apporteurs d’affaire vers le site altrix-edge.com. Le problème, c’est que altrix-edge.com est une arnaque. D’ailleurs, si vous vous rendez sur altrix-edge.com avec le navigateur Opera, un message d’alerte vous inique qu’il s’agit d’une « fraude ».
On retrouve exactement le même genre d’article sur Cryptonews et sur actufinance.fr… Ces sites promeuvent des escroqueries financières et ils sont payés pour ça.
Retrouvez toutes nos enquêtes dans cette rubrique dédiée.
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Bonjour Monsieur Gaiardo j’ai beaucoup appris de vous concernant les arnaques en ligne, j’ai failli faire une vidéo avec votre collègue journaliste, mais je constate que vous vos dénonciations sont sélectives pour certains vous faites plus et vous ignorer certains d’autres parmi les plateformes de tradings qui sont en train de vider les poches des particuliers notamment des retraités, par exemple le broker IG.
Bonjour.
Bien sûr que nos dénonciations sont sélectives. Sélectionner les informations, c’est justement le travail des journalistes.
Au demeurant, vous vous trompez à propos du broker IG puisque nous avons publié une enquête intitulée « IG, le site de trading qui voulait être bookmaker » et cette vidéo explicative. Je pense qu’après avoir lu cet article et visionné cette vidéo, on peut difficilement penser que nous laissons volontairement de coté le broker IG.
Que fais Google a encore montré ses sites web a des milliers de français chaque jour alors qu’ils promotent des arnaques…les ecrocs ont de beaux jours devant eux avec un moteur de recherche autant corrompu
Vivement que des victimes d’arnaques attaquent Google et les autres GAFAM pour complicité.
Votre article a été mentionné par le créateur de ReadWrite, site d’actualités de référence récemment racheté par Finixio, dans sa newsletter. Félicitations pour la qualité de vos enquêtes !
Ah bon? C’est surprenant car notre article est plutôt critique…
Merci de votre message.