Après avoir été victime d’une escroquerie financière sur Internet, il est souvent difficile de trouver un regain d’énergie pour dénoncer haut et fort les rouages des arnaques. Pierre Hyernard a cependant relevé le défi devant la caméra de Warning Trading. Dans cette courte vidéo, il tient à partager son expérience. Mais aussi, à rappeler comment les banques et l’AMF concourent à l’existence et à la pérennité de la cybercriminalité financière.
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ToggleDes banques trop complaisantes
Pierre Hyernard rappelle que les escrocs qu’ils l’ont contacté ont réussi à faire de l’usurpation d’identité grâce notamment à la complaisance des banques. En effet, la réglementation bancaire n’impose pas l’obligation de vérifier que le nom figurant sur un RIB (particulier ou personne morale) correspond au nom de la personne qui a ouvert le compte. De plus, le titulaire du compte peut modifier le nom du titulaire sur l’IBAN (« International Bank Account Number ») ou le RIB pour demander un virement à une victime d’arnaque.
Ainsi, il faudrait modifier les obligations réglementaires sur ce point et obliger les banques à vérifier que le nom du titulaire du compte bénéficiaire d’un virement concorde avec le nom de la personne physique. Pour procéder à l’ouverture d’un compte, il faut fournir une carte d’identité ou un passeport et un justificatif de domicile de moins de trois moins. Ici, en général, les escrocs commettent un délit pour ouvrir un compte bancaire en utilisant une fausse pièce d’identité et des documents falsifiés. Berner la banque est assez facile et des faits divers rapportés fréquemment dans les quotidiens montrent que l’ouverture d’un compte sous un faux profil est monnaie courante !
La lenteur inacceptable de l’AMF
Comme le rappelle Pierre Hyernard, l’AMF (Autorité des marchés financiers) fait preuve d’une inertie inacceptable. Après leur avoir signalé l’identité de la fausse société qui avait abusé de sa confiance, Pierre a reçu une réponse dans la foulée lui indiquant que cette escroquerie avait déjà été repérée par les services compétents de l’AMF. Là où le bat blesse, c’est qu’il aura fallu quatre mois avant que l’AMF n’inscrive ce site frauduleux sur sa liste noire. Un délai de plus d’une centaine de jours qui a bien évidemment permis aux fraudeurs de faire encore d’autres victimes.
Pourquoi l’AMF ne crée t-elle pas une liste rouge ?
Pour pallier aux lenteurs administratives de l’AMF, Pierre Hyernard propose de créer une liste rouge. Une sorte d’antichambre à la liste noire de l’AMF. Ainsi, les noms des sociétés suspectés de réaliser des actes frauduleux seraient consignés sur cette liste. «Dans cette liste rouge apparaitraient les sites et entités en observation jugés comme potentiellement critiques et certainement destinés à rejoindre la liste noire à moins que leurs propriétaires ne se manifestent rapidement pour lever les doutes» précise Pierre Hyernard. Une fois que les éléments administratifs prouvant la réalisation de fraudes sont réunis, le non de la société serait basculé sur la liste noire. Si aucun méfait n’est prouvé, alors le nom de la société serait retiré de la liste rouge.
Pour Pierre Hyernard, «les arnaques resteront un jeu d’enfant» si les banques ne renforcent pas leurs contrôles sur les ouvertures des comptes bancaires et si l’AMF ne crée pas une liste rouge. Des «réformes de bon sens» qui doivent faire écho auprès des législateurs.