La Financial Conduct Authority (FCA), l’équivalent de l’AMF en France, a annoncé son intention d’encadrer plus strictement les contracts for difference, des instruments financiers avec lesquels les épargnants perdent de l’argent dans 8 cas sur 10.
Le régulateur britannique envisage d’imposer une série de mesures plus contraignantes pour encadrer l’une des activités de trading qui fait perdre le plus d’argent aux particuliers. Ce renforcement réglementaire pourrait être un moyen pour les britanniques de s’assurer que leurs courtiers resteront agréés en Europe, et cela malgré le retrait du Royaume-Uni.
Des mesures visant à protéger les clients particuliers face au nombre croissant d’émetteurs de CFD
Les CFD sont des produits financiers permettant aux épargnants de miser sur l’évolution d’une action, d’une devise, d’une matière première ou bien d’un indice avec un important effet levier. Ces instruments financiers outre-Manche sont commercialisés par plus d’une centaine de sociétés et font généralement perdre énormément d’argent aux particuliers. Selon la FCA, près de 125 000 épargnants pratiquent ce jeu risqué, et gagnent ou perdent jusqu’à 200 fois leur mise de départ. Ils perdent dans 82 % des cas, selon le régulateur britannique qui souligne également que la perte moyenne est de 2 200 livres.
La FCA propose donc de créer un avertissement sur les risques encourus, similaire pour l’ensemble des prestataires afin d’informer davantage les clients. Elle souhaite imposer aux courtiers de rendre public le ratio de comptes gagnants / perdants parmi leurs comptes clients, pour l’année précédente et le dernier trimestre écoulé. D’autres mesures sont envisagées pour protéger les clients inexpérimentés qui traitent les CFD depuis moins d’un an, telle que la limitation de l’effet de levier à 25. Elle souhaite limiter l’effet de levier à 50 pour les autres clients particuliers. De plus, les brokers auront l’interdiction d’inciter à l’ouverture de compte en proposant des bonus ou toute forme de rémunération. Ces mesures s’appliqueront aux CFD, un terme qui recouvre les CFD classiques mais aussi le rolling spot Forex et les paris traditionnels, particulièrement utilisés par les britanniques.
Une annonce qui s’inscrit dans un contexte européen peu favorable aux courtiers spécialisés
L’objectif premier de cette série de mesures est d’augmenter la protection des investisseurs. En effet, la FCA affirme que ces derniers ne sont pas suffisamment informés des risques qu’ils encourent et sont soumis à des effets de levier trop excessifs. S’il ne s’agit pour l’instant que d’une simple proposition de la part du régulateur britannique, une consultation publique a été ouverte et devrait se prononcer de manière définitive au printemps 2017.
L’annonce de ces nouvelles règles devrait bouleverser le secteur qui était jusque-là moins réglementé que dans d’autres pays. Les titres des sociétés commercialisant des CFD ont déjà chuté, notamment ceux d’IG Group, CMC Market et Plus500. C’est un coup dur pour les courtiers spécialisés dans les CFD et le Forex. En effet, alors que le contexte européen ne leur était déjà pas favorable, cette mesure devrait avoir des impacts importants tant sur le court terme que sur le long terme. Ces décisions auront probablement des conséquences négatives sur la croissance et la profitabilité de ces sociétés.
La chasse aux CFD est déclarée en Europe !
Ces mesures proposées par le régulateur britannique interviennent alors que la France a récemment interdit la publicité en ligne pour les produits à hauts risques dans le cadre de la loi Sapin 2. Cette décision avait été complétée par une disposition visant à interdire le mécénat et le sponsoring sportif ayant pour objet ou pour effet de faire la promotion de services d’investissement concernant les contrats financiers à risque.
La Belgique avait également interdit certains instruments financiers considérés trop risqués, et prohibé certaines pratiques de vente jugées agressives. Un règlement de la FSMA, l’équivalent de notre AMF, avait approuvé cette interdiction le 21 juillet 2016. Ainsi, depuis le 18 août dernier, il est interdit aux plateformes de trading en ligne de commercialiser auprès des investisseurs particuliers qui résident en Belgique les instruments suivants : les options binaires, les contrats dérivés d’une durée inférieure à une heure et les contrats dérivés avec effet de levier.
On voit donc que les pays européens tentent de renforcer massivement la protection des particuliers face à l’émergence croissante de plateformes de trading frauduleuses, non régulées, mais cela sera-t-il suffisant ? C’est en tout cas ce que la FCA pense en faisant le tri parmi les nombreux brokers à la réputation et aux pratiques souvent douteuses.