Allier trading et réseau social. Tel fut le pari de deux entrepreneurs israéliens associés pour l’occasion, Jonathan Adest, le CEO, et Yosef Simon Azoulay, le gestionnaire de comptes et également trader. Inspiré du modèle de Facebook, cette plate-forme du web social devait offrir un service de chat et de copiage de trades.
Sommaire
Toggle- Tradeo : un réseau social dédié au trading pour créer un climat de confiance
- Tradeo : un apporteur d’affaire parmi tant d’autres, mais très sophistiqué
- Tradeo : le réseau social se transforme en courtier
- Tradeo, une nébuleuse opaque
- Tradeo : des pratiques commerciales illégales
- Tradeo : un gros soupçon de conflit d’intérêt
Tradeo : un réseau social dédié au trading pour créer un climat de confiance
Tout commence en novembre 2010 avec la création de la société MARKETBOOKS LTD à Tel-Aviv en Israël. L’aventure draine rapidement des bonnes volontés : un business angel nommé Gigi Levi Weiss, un fond d’origine américaine dénommé “Access Medical Ventures”, ou encore un certain Michael Gabriel Tal.
Le concept est simple. Sur Tradeo, chaque membre peut observer les performances des autres membres et choisir de les suivre en dupliquant leurs ordres. Tradeo fait croire à ses membres qu’ils peuvent faire comme de vrais professionnels du trading et ainsi devenir eux aussi des vedettes des marchés.
Tradeo : un apporteur d’affaire parmi tant d’autres, mais très sophistiqué
Au départ, Tradeo n’est pas un courtier. Il se contente d’être un réseau social qui noue des partenariats avec des courtiers comme AvaTrade ou Forex.com. C’est là que réside le business modèle de Tradeo. Vu du consommateur, Tradeo est présenté comme un réseau social spécialisé dans le trading. Vu du coté de Tradeo, c’est en réalité une anormale bannière publicitaire qui ne dit pas son nom et dont le but ultime est, encore et toujours, de convaincre ses membres d’ouvrir un compte de trading chez ses partenaires et d’y placer de l’argent. En cela, Tradeo est juste un très, très gros apporteur d’affaire comme il en existe beaucoup d’autres, qui va percevoir un pourcentage sur chaque euro investi et sans doute perdu grâce à lui.
Ce sont donc plusieurs milliers d’euros qui passent de la poche des membres de Tradeo sur les comptes de Tradeo sans que les premiers ne le sachent forcément. La durée de vie moyenne du portefeuille d’un investisseur dans ce type de marché est de seulement 90 jours. Tradeo est donc engagé dans une course permanente aux nouveaux clients pour maintenir son volume de trades et générer du chiffre d’affaire. Le nombre de clients n’a pas été au rendez-vous et dans de nombreux forums, on peut lire avec beaucoup de recul des commentaires plutôt négatifs. Selon nous, ce sont les raisons pour lesquelles Tradeo a du revoir son modèle et devenir lui-même courtier.
Tradeo : le réseau social se transforme en courtier
Début 2014, Tradeo devient un broker. Se présentant comme courtier STP, il permet d’ouvrir un compte directement sur son portail. Il reste le seul interlocuteur de son client, qu’il se charge de retenir.
Des campagnes de communication ont afflué un peu partout pour présenter ce nouveau concept qui apporte une offre de partage digitalisée assez révolutionnaire. On retrouve même encore aujourd’hui dans La Tribune, journal économique très sérieux, une première position très avantageuse dans la liste des Brokers recommandés. Loin devant les plus connus. Dans le cadre de leur solution innovante, ils ont également été en vedette sur TechCrunch, Mashable, CNBC et Reuters.
Tradeo, une nébuleuse opaque
Dès que l’on regarde de plus près, Tradeo s’apparente à une structure opaque typique des montages financiers des courtiers peu scrupuleux. Sur ses obligations de services de Brokerage, Tradeo se présente d’abord comme une marque appartenant au groupe HOGG CAPITAL, une société régulée à Malte et proposant la plate-forme Trading TIER 1FX. Puis, curieusement, il se présente comme partenaire. Nous apprendrons par la suite que HOGG CAPITAL a été remplacée par un nouveau broker dénommé FXGLOBE, régulé à Chypre, qu’il présente comme son partenaire.
Autre fait suspect, sur leur site internet www.tradeo.com, aucune mention ou identification n’est faite de la société détenant la marque Tradeo. C’est en cherchant sur leur site dédié aux affiliés que nous trouvons mention d’une appartenance à une société : MARKETBOOKS LTD.
Tradeo : des pratiques commerciales illégales
Tradeo pratique un démarchage commercial qui l’apparente aux courtiers les moins honnêtes. Les investisseurs sont démarchés sans l’avoir sollicité. Le discours des vendeurs est trompeur et insistant. Nous avons recensé de nombreuses plaintes d’anciens clients qui se plaignent de la méthode commerciale de Tradeo et qui se sont retrouvés avec un compte à zéro.
Nous avons très probablement affaire à une équipe de professionnels de la manipulation comme nous en avons rencontrés souvent dans cette industrie. L’originalité de Tradeo, c’est son “réseau social”, qui s’apparente surtout à un dispositif élaboré de mise en confiance de la victime, qui disposera de peu de recours si elle découvre finalement la supercherie.
Tradeo : un gros soupçon de conflit d’intérêt
Tradeo prétend que sa rémunération est basée seulement sur le volume des transactions. Mais ce qui précède nous incite à nous demander si Tradeo ne récupère pas tout ce que ses clients perdent sur sa plate-forme. Pourquoi Tradeo pousse-t-il autant ses clients à investir toujours plus d’argent ? Surtout, pourquoi Tradeo propose-t-il de la gestion pour compte de tiers ou du conseil par l’intermédiaire de leur Trader SIMON AZOULAY ? Tradeo ne dispose pour cela d’aucune autorisation. Si nous supposons que les pertes des clients de Tradeo sont les gains de Tradeo, tout s’éclaire. Si ce conflit d’intérêt est avéré, nous ne pouvons que nous étonner que Tradeo se cache derrière une licence d’un tiers qui lui permet d’exercer en toute légalité en Europe en étant basé en Israël. La place de Tradeo ne serait-elle pas plutôt sur la liste noire de l’AMF ?