Le marché du Forex et des Options Binaires est tellement prospère chez nos voisins Chypriotes et Israéliens que l’offre d’emploi est supérieure à la demande. Dans ce secteur très concurrentiel où cohabitent courtiers régulés et faux courtiers, on recense plus de 500 entreprises à la recherche de force vive. Des sociétés spécialisées vont même jusqu’à recruter des candidats parfois situés en Afrique Centrale faute de main d’oeuvre docile et dévouée.
CLAIRE, manager chez un courtier régulé à CHYPRE nous explique : “l’industrie du trading sur l’île est la seule ressource de travail pour un non-Chypriote. La communauté française travaille principalement dans ce domaine car elle n’a pas d’autre choix…”
C’est d’ailleurs très compliqué de contacter des personnes travaillant dans ses sociétés car non seulement elles craignent pour leur emploi mais ont également peur des représailles.
Pourquoi CHYPRE ?
C’est un marché qui connaît un certain succès bien qu’il soit difficile de le quantifier. Il n’existe aucun chiffre et aucune étude en la matière. De par nos enquêtes et les articles de presse, cette activité s’est profondément développée en ISRAEL et par ricochet à CHYPRE.
Ce petit bout de terre situé à proximité d’ISRAEL est le cheval de Troie des sociétés étrangères souhaitant bénéficier du passeport Européen (MIFID) délivré par l’autorité de régulation du pays, à savoir la CYSEC. Cette régulation qui possède un degré d’exigence assez limité dans le contrôle permet de proposer les services de Trading sur tout le territoire Européen.
Au delà d’un climat méditerranéen, le pays bénéficie, de par son histoire, d’une réglementation anglo-saxonne. Monter un TRUST est possible. Les charges salariales sont très basses et les impôts également. Le coté insulaire et loin des pays touchés par cette vague d’OB et de FOREX permet également une certaine impunité. En effet, êtes-vous prêt à venir à CHYPRE pour vous plaindre auprès de votre courtier ?
Recruter à tout prix
De ce fait, ces sociétés ayant des bureaux dans les deux pays recherchent activement et en continu des salariés afin de développer leurs services dans les différents pays (France, Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, Portugal, Espagne…).
JOEL, 22 ans, en poste chez un courtier non régulé : “Je sortais de la faculté de gestion Leon Recanati de Tel Aviv et le seul poste que l’on me proposait c’était de travailler dans le FOREX.”
L’activité de recrutement prend une part extrêmement importante dans l’organisation de ces entreprises. Les plus grosses compagnies à l’image de IRONFX et FXPRO gèrent elles-mêmes ce service et possèdent des DRH spécialistes en recrutement. Pour les plus petites entreprises, il existe des chercheurs de têtes spécialisés dans ce domaine qui proposent à des écoles Béninoises ou Nigériennes des stages afin que leurs étudiants puissent bénéficier d’un visa de travail avec à la clé un emploi. Et quel emploi…
JOSEPH, ancien commercial chez un faux courtier insiste sur un point : “Une société de recrutement m’a contacté par l’intermédiaire de mon université. Je pouvais bénéficier d’un visa de travail, c’était pour moi la chance de vivre en Europe et envoyer de l’argent à mes parents restés au SENEGAL. Maintenant je suis sans emploi. Mettre en péril la vie économique de clients qui me confiaient leurs petites économies, c’est dur à gérer émotionnellement. Je n’ai pas pu rester et je me retrouve sans visa et il n’est pas question de quitter l’Europe.”
En effet, ces sociétés d’OB et FOREX pressent leurs collaborateurs avec une surcharge de travail et des objectifs inatteignables les envoyant quasiment tous vers la sortie. Même si les conditions de travail peuvent varier entre les différentes sociétés, le TURN OVER est très important et nécessite des recrutements massifs.
Le processus de recrutement
Le processus de recrutement varie également entre les sociétés. Trois, voire quatre entretiens sont nécessaires. Lors du 1er RDV, l’entretien s’apparente à un interrogatoire psychologique avec le plus souvent deux recruteurs. Un formulaire QCM est souvent présenté.
Quelques jours plus tard, un second RDV est proposé où il est fait mention des nombreux avantages dans l’entreprise et de l’ambiance. Des horaires flexibles, des Team buildings, etc. L’entreprise chouchoute ses collaborateurs… avec un salaire de 6000 shekels (1400 euros) + des commissions pouvant aller jusqu’à 20 000, voire 30 000 shekels (7000 euros).
Le plus souvent, le deuxième entretien confirme le recrutement avec une période à l’essai. S’en suit un dernier entretien avec son responsable direct qui lui va être plus précis sur le poste et ses particularités. Il rentrera dans les détails et les objectifs à atteindre.
JOACQUIN, rétentionneur chez un courtier régulé, nous fait part d’une certaine envie parfois de vomir. “On nous demande toujours plus, on nous oblige à faire prendre des risques inconsidérés à nos clients qui croient en nous et nous font confiance, une vraie boucherie !!!”
Puis, en revenant sur son discours, il essaye de relativiser. Une forme assurément de protection psychologique. On apprendra à la fin de notre enquête son départ de cette société.
Certaines entreprises vont même jusqu’à proposer le détecteur de mensonge. Il s’agit d’un boîtier qui est vendu partout sur Internet et qui permet de s’assurer que le candidat ne ment pas. Le côté paranoïaque de ces entreprises est du au fait qu’elles brassent énormément d’argent et leurs dirigeants ne souhaitent pas que leurs collaborateurs partent avec les fichiers clients ou avec le savoir faire.
Deux postes sont principalement proposés, à savoir :
- Commercial ou Sales : Il s’agit d’un poste de Front Office. Il doit appeler des personnes qu’il prend dans une liste de prospects. Le but étant de transformer le contact en client en lui proposant différents avantages (bonus, cadeaux, formation).
- Rétentionneur ou Rétentionniste : Il s’agit d’un poste de Back Office. Il a en charge le suivi des clients avec l’objectif de les retenir et de les inciter à continuer à verser de l’argent par tous les moyens légaux ou illégaux en fonction du courtier.
Malgré la mise en place le 26 mai 2015 en ISRAEL de la ISA (Israel Securities Authority) afin de protéger les petits investisseurs de dérives bien souvent dramatiques, la route reste longue pour endiguer ce phénomène qui dépasse les frontières et perturbe tout un pan de l’économie d’un pays.
Pour des questions de sécurité, nous avons volontairement changé les prénoms des personnes qui ont accepté de nous parler.