Les options binaires, perçues comme une manière rapide de se faire de l’argent, représentent une menace incontournable en matière de fraude au Canada.
Les Administrateurs des titres canadiens ont annoncé l’interdiction totale de la publicité et de la vente d’options binaires aux Canadiens. A l’échelle du pays, les régulateurs provinciaux reçoivent des centaines de plaintes de la part des victimes de stratagèmes d’options binaires. Dans la majorité des cas, les fraudeurs sont établis à l’étranger, et notamment en Israël.
Une stratégie basée sur la perturbation
Malgré les efforts canadiens mis en œuvre pour lutter contre l’industrie des options binaires, le nombre de plaintes de fraude est resté stable en 2016. L’interdiction annoncée le 28 septembre dernier par les Administrateurs des titres canadiens définit l’option binaire comme un instrument financier « fondé sur le résultat d’une proposition oui/non », et dont la rémunération dépend de la hausse ou de la baisse du prix d’un produit particulier sur une période donnée.
Les entreprises dont l’offre en ligne cible les Canadiens ne sont pas enregistrées auprès des régulateurs du pays, rendant la vente et la distribution de ce produit financier illégales sur le territoire. Le Règlement sur l’interdiction des options binaires représente un outil supplémentaire pour les Autorités canadiennes dont la stratégie n’est pas seulement fondée sur les poursuites et les interdictions. En 2016, un groupe de travail a été créé par ces autorités pour contrer la menace des fraudeurs établis à l’étranger. Il a adopté aux côtés des régulateurs une stratégie basée sur la perturbation. Concrètement, ces derniers collaborent avec les entreprises de carte de crédit, les services de paiement en ligne, les hébergeurs web pour court-circuiter l’offre au Canada. « Le règlement va nous simplifier la vie », affirme Frédéric Pérodeau, directeur principal des enquêtes à l’Autorité des marchés financiers.
Mieux informer les investisseurs canadiens
« La fraude sur options binaires est l’un des principaux types de fraudes financières auxquelles sont exposés les Canadiens de nos jours, et elle a des répercussions énormes sur la vie des gens », précise Louis Morisset, président des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM). Le nombre de plaintes reçues par les régulateurs ne diminue pas et cela malgré l’attention des médias et les répressions régulières. Jason Roy, président de l’équipe en charge des options binaires au Canada et enquêteur pour la Commission des titres du Manitoba, explique au Times of Israël, que cela est dû à l’existence d’un « temps de latence » entre l’instant où un utilisateur s’engage avec une plateforme en ligne et le moment où la fraude est signalée. L’objectif de cette interdiction est d’abord de prévenir les investisseurs de l’existence et de l’ampleur de ce type de fraude. Il s’agit également de persuader les entreprises de cartes de crédit et de technologie d’être plus vigilantes. Jason Roy précise que Twitter a été la première grande entreprise technologique à interdire la publicité d’options binaires. Il espère que d’autres suivront son exemple.
Le Canada appelle Israël à suivre son exemple
La fraude aux options binaires fait chaque année des milliers de victimes. En 2016, Frédéric Turbide, un entrepreneur francophone d’Edmonton, a mis fin à ses jours après avoir perdu 300.000 dollars. Sa famille tient une entreprise israélienne d’options binaires responsable de son suicide. En effet, dans la majorité des cas, les fraudeurs agissent depuis Israël. Depuis plusieurs mois, on remarque que ces entreprises proposent d’autres types de produits comme le Forex, les CFDs ainsi que la vente de monnaies cryptées. Par exemple, une famille avait perdu 180.000 dollars en passant par l’intermédiaire du broker WMOption. Les victimes se sont récemment aperçues que la société avait changé de nom pour PrimeCFDs qui ne propose plus d’options binaires mais des contrats de différence.
Un projet de loi a été présenté en 2017 pour interdire l’industrie des options binaires, les entreprises de Forex et de CFDs qui agissent sans autorisation depuis Israël. Toutefois, celui-ci a été remanié pour ne s’appliquer qu’aux seules options binaires. Cela pourrait ainsi expliquer les changements de produits constatés au Canada. Roy a indiqué au Times of Israël qu’il espérait qu’Israël suivrait rapidement son exemple en adoptant son projet de loi. « Mon espoir est qu’Israël fasse la bonne chose. Il semble qu’ils sont sur la bonne voie et j’espère qu’ils le feront », conclut Jason Roy. De nombreux pays ayant été en contact avec Israël ont émis leurs inquiétudes à l’égard de l’industrie des options binaires du pays. Cependant, jusqu’ici, les autorités israéliennes se sont révélées incapables de mettre un terme à cette fraude estimée entre 5 à 10 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale. Il faut dire que les industries frauduleuses qui en sont responsables forment un lobby puissant auprès de la Knesset.