Un journaliste BULGARE a pendant de nombreux mois investigué sur les circuits bancaires des trader-escrocs. Son enquête nous emmène auprès d’une Banque BULGARE. LA TBI BANQUE est clairement représentée comme l’intermédiaire de cette organisation criminelle. Nous avons traduit en français cet article pour que vous compreniez mieux ce système mafieux.
Traduction :Monsieur B. afin de garder son anonymat reçoit un appel téléphonique de la part de Monsieur L., que Monsieur B. ne connait pas. Monsieur L. est poli, éloquent avec des propositions attrayantes : revenus rapides et sans risque sur les marchés financiers. Monsieur L. habite à Londres, ou palpite le cœur financier en Europe et il est conseiller financier auprès de la fameuse entreprise FINANPERF. Mais, Monsieur B. ne comprend rien au trading ? Ce n’est pas un problème. L’entreprise pour laquelle travaille Monsieur L. a élaboré une plate-forme internet révolutionnaire. BANK OF MARKET transforme le trading en jeu d’enfant. Tout va lui être expliqué en détail. Risque minime, gains garantis et assurance en cas de perte. En outre, Monsieur L. est de la même région que Monsieur B. Une région de la France profonde, pittoresque et authentique ou Monsieur L évoque sa nostalgie : le nature, la nourriture, l’air pur ! Et des valeurs perdues. Une mise en confiance parfaite ! Maintenant Monsieur B. est retraité, habite une grande ville bruyante, le coût de la vie augmente constamment, et un revenu supplémentaire ne serait pas de trop.
Finalement, Monsieur B. fait confiance à l’éloquence de son interlocuteur qui est de la même région que lui et se jette dans les eaux inconnus des affaires boursières, guidé par l’expert de Londres. Il ouvre un compte sur un site d’aspect très professionnel et fait un premier virement bancaire d’une somme modeste de 100 Euros, afin de commencer à trader. Plus tard il virera encore 200, 300 puis 1000 euros… Le site signale en temps réel les débits et les gains. Monsieur B. voit arriver des bonus qui gonflent son compte virtuel. Monsieur L. le contacte par téléphone chaque jour. Il lui donne des instructions où et combien investir. Il conseille la prudence: attendre le moment le plus convenable pour faire le grand coup. Et quand ce moment arrive, Monsieur B. doit bien sûr créditer son compte de 30 000 Euros, pour gagner le double. Il transfère l’argent sur le compte d’une Banque britannique connue et se met à attendre le gros lot.
Mais à la place du gros lot, il reçoit un coup de fil de la part de Monsieur R (complice de Monsieur L.). Quel malheur : Monsieur L. est mort, heurté par un véhicule en se rendant au bureau en route vers London City. Monsieur R. dorénavant s’occupe des clients de Monsieur L. et propose à Monsieur B. si il le souhaite de se rendre aux funérailles à Londres ? Monsieur B. en est très attristé, mais ne dispose pas des moyens nécessaires pour aller aux funérailles de son feu interlocuteur, qui etait devenu son confident et conseiller financier. Il avait tout investi dans la BANK OF MARKET. Quel sera le sort du compte ? Monsieur R. promet d’étudier la situation et de le rappeler chose qu’il fera quelques jours plus tard. Mais voilà, il s’occupe uniquement des clients « golden », mais Monsieur B. n’a pas un status « golden ». Par contre, il est possible qu’il devienne « golden » en virant encore 20 000 euros. Mais en revanche s’il ne fait pas le virement. Alors les choses tourneront mal. Il ne pourra pas retirer l’argent de son compte, parce que Monsieur L. est décédé. Monsieur B. exige des garanties. Il reçoit une lettre de la part du chef de la compagnie FINANPERF qui se porte garant que des septembre 2014 Monsieur B. pourra retirer la somme de 120 000 Euros.
Convaincu, à la fin du mois d’août, Monsieur B. transfère 20 000 Euros, mais cette fois ci sur le compte d’une société offshore auprès de TBI Bank Bulgarie. Il suit de façon régulière le site bankofmarket.com et il constate que son compte virtuel est crédité de la même somme. Mais quand au début du mois de septembre il décide de retirer 70 000 Euros, il encaisse un refus. Monsieur R. disparaît d’un coup. Peu après le domaine FinanPerf.com disparaît aussi, et les courriels au chef qui a promis en personne de grands profits, sont retournés sans réponse. Une semaine plus tard le compte de Monsieur B. disparait aussi du site BANK OF MARKET, et puis – c’est le site lui-même qui s’évapore. La Banque bulgare fait le mort: aucune réponse malgré les appels consécutifs et emails envoyés par Monsieur B. qui veut qu’on lui rende son argent. Désespéré, Monsieur B. s’adresse au Parquet de PARIS. Immédiatement, il se rend compte qu’il n’est pas seul dans cette situation désespérante et qu’il est l’un des milliers de français, victimes des escroqueries pour des centaines de millions d’Euros, selon l’Agence française – Autorité des marchés financières (AMF), équivalent de la KFN bulgare, qui a enregistré 810 dépôts de plaintes seulement pour les 7 premiers mois de 2014 et a même ouvert une campagne d’information, accompagnée par une liste noire des sites qui ne possèdent pas de licence pour des services d’intermédiaires financiers.
La même mise en garde est effectuée par la KFN belge qui a averti les clients des escroqueries possibles par BANK OF MARKET fin août, peu avant que Monsieur B. fasse le virement vers la Banque TBI.
La Banque TBI fait partie du groupe Kardan, listé à la Bourse hollandaise. Ce groupe fonctionne activement avec des capitaux israéliens et est actif dans le secteur de l’infrastructure d’eau, dans l’immobilier et la finance. Ce groupe possède une banque en Bulgarie par l’entremise de TBIF Banking and Retail Lending qui est la propriété de KFS Financial Services.
Escrocs raffinés et sociétés offshores possédant de gros comptes en Bulgarie
Le cas décrit ci-dessus est bien réel, mais certains faits sont modifiés afin de sauvegarder l’anonymat des personnes touchées. Et cela n’est guère un cas isolé, mais représente l’un des nombreux dépôts de plainte par les victimes d’escroqueries-trading, qui ont transféré de l’argent en Bulgarie. L’histoire de Monsieur B. montre à quel niveau les escrocs maitrisent les méthodes psychologiques et de profilage afin d’attirer la victime potentielle, pour gagner sa confiance et soustraire l’argent, allant jusqu’aux menaces. Mais sans le maillon final à savoir la Banque qui dessert le compte offshore, le schéma ne peut pas fonctionner. Ce qui amène à se poser la question où exactement est acheminé finalement l’argent et si les régulations contre le blanchissement d’argent que les banques sont obligées d’appliquer pro-activement sont respectées. A l’évidence, des banques dans d’autres pays européens et non seulement en Bulgarie sont utilisées. Selon les informations obtenues de Bivol, des sommes importantes ont transité par la Bulgarie et les montants s’élèvent à plusieurs millions d’Euro.
De plus, le schéma continue à fonctionner. Dans la longue « liste noire » des français de sites non-autorisés pour faire du trading, figurent des sites qui déclarent des comptes à la Banque bulgare TBI Bank au nom de sociétés offshore. Une vérification élémentaire sur Google confirme que le phénomène est massif et évidemment il ne s’agit pas de cas isolés. Il y a plusieurs sites-escrocs qui ont ouvert leurs comptes précisément dans cette banque. Une vérification de Bivol a prouvé que certains comptes sont actifs. Ce qui signifie que les victimes potentielles des escrocs risquent de transférer, peut-être en ce moment même, des sommes qui ne leurs seront jamais rendues. Et cela se passe sous les yeux de la DCRI bulgare (Agence d’Etat pour la sécurité nationale ou DANS) et la BNB (Banque Nationale de Bulgarie). La dernière vient même de se vanter de ses succès récents dans la lutte contre le blanchissement de l’argent par l’entremise de banques bulgares.
A la différence de la réalité, le bilan de la BNB pour 2014, dans la partie blanchissement de l’argent d’activité criminelle, sonne de façon optimiste. « Le fonctionnement du secteur bancaire, comme un milieu serein ne permettant pas le passage de ressources financières criminelles par le système financier, était un des thèmes importants sur lesquels BNB s’engagé au niveau national et européen. »- est mentionné dans le rapport, présenté au Parlement. On a constaté « des cas particuliers d’infraction de la Loi des mesures contre le blanchissement d’argent, en sachant que de la part de la BNB ont été entreprises les actions prévues dans la loi. » La Banque centrale a constaté « un haut niveau d’engagement de la direction des banques dans les processus de la construction de mécanismes de protection ».
Nous avons posé des questions au Centre de Presse de la TBI Bank, pour éclaircir ces « mécanismes de protection ». Comment a réagi la banque aux dépôts de plaintes qu’elle avait reçue des citoyens français et quelles sont lesdites « mesures ». On a demandé aussi quelles sont les conditions pour qu’une société offshore ouvre un compte, si l’on connaît qui sont l’ayant droit économique des sociétés offshores, si les dispositions légales contre le blanchissement d’argent ont été appliquées? La réponse de TBI est, au pied de la lettre, la suivante :
Comme vous le savez bien, dans des cas similaires à ceux mentionnés par vous, par principe les institutions de crédit évitent d’entrer dans le rôle d’arbitre entre les parties mises en conflit, surtout si ce conflit a été déjà renvoyé à une juridiction compétente. Dans les cas similaires, les institutions de crédit communiquent uniquement avec les autorités compétentes selon la législation et les règlements en vigueur.
Toutefois, des victimes des escroqueries se sont plaintes du manque de compréhension de la banque, qui suite à leurs réclamations a fait la sourde oreille. Bivol a téléphoné au chef du département « Cybercriminalité» de la DANS Yavor Kolev, qui n’était pas au courant des schémas décrits ci-dessus. Il a conseillé aux personnes concernées de signaler tout abus via le site cybercrime.bg. C’est sans doute une information bien utile pour les citoyens français dépossédés qui ont déjà déposés leurs plaintes auprès des pouvoirs publics français. Mais les victimes s’intéressent plutôt à savoir où est leur argent et s’ils pourront le récupérer un jour. Qui plus est, l’intérêt général requiert de connaître où sont partis les millions de l’activité criminelle des faux-traders ? Sont-ils toujours en Bulgarie ou bien sont-ils transférés depuis longtemps vers une destination difficile à tracer, loin des contrôles vigilants de la DANS et la BNB « qui ne permettent pas le transfert de ressources financières criminelles à travers le système financier. »