Une entreprise sud-coréenne affirme avoir retrouvé les restes du Dmitri Donskoï, un navire de guerre russe coulé en 1905 par le Japon. Selon elle, il transportait près de 200 tonnes d’or. Toutefois, cette histoire qui passionne les médias évoque de plus en plus une fraude à la Bourse.
Depuis plusieurs semaines, la découverte d’une épave dans les eaux coréennes agite les médias, les réseaux sociaux et même les spéculateurs. Un mystère qui laisse place à l’arnaque boursière.
L’entreprise à l’origine de l’affaire suscite des inquiétudes
L’affaire démarre lorsque la société sud-coréenne Shinil Group, une startup fondée il y a quelques semaines, annonce avoir découvert les restes de l’épave engloutie du Dmitri Donskoï, à 430 mètres de profondeur. Elle révèle avoir aperçu lors de cette découverte des caisses scellées qui renfermeraient 200 tonnes d’or, soit 110 milliards d’euros. Il faut rappeler que ce mythique navire a été mis en service en 1883 avant de prendre part à la guerre russo-japonaise en 1904. Le 27 mai 1905, le croiseur blindé participe à la bataille de Tsushima, qui verra la flotte russe décimée par l’ennemi japonais. En tentant de rejoindre le port de Vladivostok, le Dmitri Donskoï est finalement repéré par la marine nippone qui finit par le rattraper. Au lieu de se rendre, le croiseur se saborde le 28 mai puis tombe au fond des eaux de l’île d’Ulleungo.
De nombreux doutes entourent les annonces de Shinil Group. Les premiers concernent la primauté de la découverte. En effet, selon la BBC, le navire aurait déjà été découvert en 2001 par l’entreprise Don-A Construction. L’Institut sud-coréen de Science et de Technologie de l’Océan (KIOST) revendique également l’avoir localisé en 2003. Des photographies de l’épave ont été publiées sur le site de KIOST qui accuse Shinil Group d’avoir utilisé ces données pour localiser le bateau. Shinil Group disposerait par ailleurs d’un faible capital, de 100 millions de wons coréens, soit près de 90.000 dollars, et n’aurait toujours pas demandé de droit de récupération au ministère sud-coréen des Affaires maritimes et de la Pêche, à qui il devrait payer 10 % de la valeur estimée du navire.
Une chasse au trésor qui devient l’objet de spéculations financières
La motivation de Shinil Group est mise en cause. Effectivement, dans un communiqué, l’entreprise a déclaré avoir créé sa propre crypto-monnaies, le « Donskoi International » ou « Shinil Gold Coin ». Son lancement est prévu sur les plateformes publiques de monnaies virtuelles en septembre prochain au prix de 10.000 dollars l’unité en s’appuyant sur le trésor.
Le fait que cette chasse au trésor devienne l’objet de spéculations financières inquiète les services de supervision financière de la Corée du Sud. Ceux-ci invitent les investisseurs à la prudence car en s’appuyant sur les rumeurs et sans preuve matérielle concernant la découverte du trésor d’un navire, il est possible qu’ils subissent des pertes massives. Pour le moment, Shinil Group nie tout lien avec la crypto-monnaie. Un mandat d’arrêt international est requis contre le principal responsable du lancement de la Shinil Gold Coin, Yu Ji-beom.