Un manque de place en crèches et des subventions publiques, l’investissement dans les crèches est porteur. Que penser de l’offre proposée par Alliance Foncière et BBH Consult ? L’AMF déconseille de d^onner suite.
Sommaire
Toggle- BBH Consult se plaint d’un article qui ne parle pas de BBH Consult
- Des sites de rabattages
- Des risques importants et pas de capital garanti chez Alliance Foncière
- Propriétaire de murs de crèche ou propriétaire de parts de société ?
- A la recherche de la « 2eme tranche de souscription »
- Alliance Foncière, héritière de Montessori NeoKids
BBH Consult se plaint d’un article qui ne parle pas de BBH Consult
Il y a quelques semaines, nous avons été contactés par Fabrice Lalande, de BBH Consult. Il voulait se plaindre de l’un de nos articles publié le 5 janvier 2020 et dénonçant des arnaques aux faux placements dans les crèches.
Sa démarche était d’autant plus étrange qu’il n’existe pas sur internet de Fabrice Lalande employé de BBH Consult. Fabrice Lalande est un nom banal.
BBH Consult est le mandataire exclusif de la société Alliance Foncière, une société qui propose au grand public d’investir dans les crèches. L’investissement dans les crèches est également proposé par la société S.U.R.E Finance, qui propose également d’investir dans le leasing automobile à destination de l’Europe de l’Est.
Des sites de rabattages
Mais on retrouve également une offre d’investissement étonnamment proche sur des sites comme Palmarès des placements, qui ne propose que cela et de l’immobilier en Espagne, ou sur des « sites de captures » mettant en avant des formulaires de contact ou des numéros de téléphone.
Ce sont des sites très simples, souvent sans mentions légales ou il est impossible d’identifier leur propriétaire réel. L’objectif est toujours d’obtenir les coordonnées d’une personne interressées, pour pouvoir la démarcher. Ainsi vont investissement-creches.com ou investissement-micro-creches.com.
Force est de constater que ces deux derniers sites de captures mettent en avant des offres d’investissement étonnamment proches de celles décrites dans cet article… Le directeur de la publication de deux de ces sites s’appelle Franck Guivatim, que nous avons déjà relevé à propos du site simulateur-bitcoin en 2018.
D’après Fabrice Lalande, l’article de 2020 sur Placement-creches.com empêcherait le groupe de se développer. Les investisseurs intéressés auraient renoncé après la lecture de notre article.
Même si notre article ne mentionne ni BBH ni Alliance Foncière, Fabrice Lalande considère que nous traitons BBH Consult « de voleur et d’escrocs ». A le lire, notre article s’apparente à un « fichage ».
Nous avons sollicité Epargne Info Service, le service de protection des épargnants de l’Autorité des Marchés Financiers. Il nous a été répondu qu’Alliance-Foncière et BBH Consult « ne bénéficient d’aucun enregistrement/autorisation auprès de l’AMF pour proposer des services d’investissement en France. Il convient de ne pas donner suite aux sollicitations de ces sociétés qui apparaissent des plus douteuses ».
Des risques importants et pas de capital garanti chez Alliance Foncière
Cet investissement proposé par Alliance Foncière se décompose à 65 % en achat d’actions d’une société, SAS Alliance Foncière et à 35% en prêt d’argent au compte courant de cette société. Ces 35% sont remboursés sur cinq ans, à raison de 583 euros par mois. Ce remboursement est présenté comme un rendement de 7% par ans, alors qu’il ne s’agit que du remboursement d’un prêt à la société. Au bout de 5 ans, les 65% peuvent, sur demande de l’investisseur, être rachetés par la société.
Elles peuvent effectivement être rachetées. Mais les conditions de ce rachat demeurent flou. Le pacte d’associé auquel les investisseurs doivent souscrire ne stipule aucune obligation de rachat mais suggère seulement des valeurs de rachat supérieures à 100% du capital investi au-delà de 5 ans d’investissement.
Cette offre n’est pas en soi illégale. Elle n’a juste pas beaucoup d’intérêt pour un investisseur. Elle ne permet que de récupérer son investissement initial. Moins l’inflation. Comme l’écrit un intervenant chevronné sur un forum spécialisé, « Ce n’est pas une arnaque mais un investissement très risqué avec un potentiel de gain limité ».
Propriétaire de murs de crèche ou propriétaire de parts de société ?
En effet, l’investisseur est ici un actionnaire. L’investissement en action n’est pas une garantie du capital. Cela signifie que l’investisseur peut perdre tout ou partie de son capital initial.
Il n’a pas non plus la garantie de récupérer un capital bonifié au-delà de 5 ans. D’abord parce que le pacte d’actionnaire ne comporte pas de réelle obligation dans ce domaine. Ensuite parce qu’on trouve une stipulation contraire ailleurs dans le document d’information :
Aucune assurance ne peut être donnée quant à la liquidité d’un investissement dans les actions Nouvelles du fait de la clause de variabilité du capital de la Société. La Société ne peut garantir qu’elle disposera à tout moment de liquidités immédiates suffisantes pour honorer les demandes de rachat qui auraient été effectuées dans le respect des Statuts et du Contrat d’Émission des Parts Nouvelles. Le risque de liquidité des Parts Nouvelles est donc significatif.
Un « document d’information » qui n’a pas été visé par l’AMF. Là encore, rien d’illégal. L’offre d’alliance Foncière évite soigneusement d’être qualifiée d’ « Offre au public de titres financiers », un statut qui l’aurait obligé à recevoir un agrément de l’AMF pour garantir la protection des épargnants.
En ne s’adressant qu’aux professionnels, elle s’en exempte.
Le support de communication précise donc que « cette présentation est réservée à un cercle restreint d’investisseurs ou d’investisseurs qualifiés qui ne peuvent se proposer d’investir que pour leur compte propre, et n’a pas donné lieu à un prospectus visé par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).
A la recherche de la « 2eme tranche de souscription »
Dans le supports d’information émis par Alliance Foncière, cette offre d’investissement reçoit l’intitulé « Lancement de la 2eme tranche de recherche d’investisseurs le 01/06/2020 ». En effet, on lit ailleurs sur les mêmes ôtés, « Création le 25/09/2017 ». Cette offre d’investissement a donc pratiquement 3 ans et elle recherche là une deuxième vague d’investisseurs.
Nous avons longuement cherché des informations sur la première tranche avant de trouver. A l’époque, cette « première tranche » s’appelait en réalité Heidi Foncière VIP. C’est un nom qui raconte l’histoire de la naissance de cette offre d’investissement dans les crèches.
Alliance Foncière, héritière de Montessori NeoKids
En 2017, Stéphane Bastien l’avait conçue avec David Brehm-Prica, un ancien de Yoopala, le site de services à la personne spécialisé dans la petite enfance. A l’époque, cela s’appelait Heididom et Montessori NeoKids.
Au début, tout se passait bien. Tous les deux d’origine suisse, Bastien et Prica se tapait dans le dos, avant que leur histoire ne tourne à l’aigre quand l’un des deux a découvert les turpitudes de l’autres. La rupture consommée, Stéphane Bastien a voulu continuer de son coté en changeant de nom le 30 septembre 2020, avec Alliance Foncière.
Mais les offres d’investissement sont restées sensiblement les mêmes. Alors quand Alliance foncière fait référence à une première tranche, c’est à cette époque qu’on doit pense.
Un certain Dan Martinez a démarché des investisseurs pour leur proposer cet investissement.
Depuis la publication de cet article:
-La société Mat Finance a été placée en liquidation.
–La société SNM qui gère les sites palmaresdesplacements.com et investissement-micro-creches.com est en liquidation judiciaire. Son directeur éditorial s’appelle Franck Guivatim et nous avions déjà croisé son nom dans un article sur une arnaque aux cryptos. Le directeur de SNM, Sébastien Taraquois, est interdit de gestion pour 8 ans.
Source: devenir-rentier.com
Mediapart publie un article intitulé « Derrière le vernis Montessori, l’effondrement des crèches NeoKids » et ainsi chapeauté: « Alors que le gouvernement promet la création de 200 000 places d’accueil du jeune enfant, le business des crèches privées échappe toujours au contrôle de l’État. Le réseau Montessori NeoKids, qui vient d’être placé en redressement judiciaire, en est la parfaite illustration. »