Qu’est-ce qui peut bien pousser l’ancien golfeur Guillaume Antier à immatriculer toutes ses sociétés à Saint-Vincent-et-les-Grenadines ? C’est dans ce paradis fiscal qu’il a installé Wave to markets, bnginvest (B&G) et labarak. Pourquoi ? Arnaque ou Trading ? Notre avis :
Sommaire
Toggle- Résumé de notre avis :
- Mkdfx et Wave to Markets, même combat
- First St Vincent Bank Ltd Building, une addresse familière
- Mkdfx est un fantôme, mais pas Wave to Markets
- Les clients de Wave to Markets attendent toujours leurs retraits de fond
- Guillaume Antier, les tribulations d’un ancien champion de Golfe
- Post-scriptum.
Résumé de notre avis :
Dans le paysage financier actuel, l’entité « WaveToMarkets », associée à des personnalités telles que Guillaume Antier, suscite une attention particulière pour ses pratiques commerciales et son cadre réglementaire. Située à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, cette entité opère dans un environnement qui pose question en termes de légitimité et de sécurité pour les investisseurs. Les avertissements et les expériences partagées par d’anciens utilisateurs mettent en lumière des problématiques récurrentes d’arnaque et de récupération d’argent, incitant à la prudence.
Les associations entre WaveToMarkets et d’autres courtiers ou entités financières, comme BNGInvest et Labarak, renforcent l’importance de comprendre le contexte et les risques liés à ces investissements, particulièrement dans les crypto-monnaies et les monnaies traditionnelles. Les victimes de ces pratiques rapportent des difficultés considérables pour effectuer des retraits d’argent, malgré des promesses initiales alléchantes. Ces expériences négatives sont amplifiées par le choix de domiciliation de ces courtiers dans des paradis fiscaux, compliquant davantage l’accès à la justice et la résolution de litiges.
La notion de « marques blanches », où une entité clone ses services sous différents noms pour échapper à une réputation ternie, est particulièrement préoccupante dans ce contexte. Cette stratégie permet une multiplication rapide des offres, souvent au détriment de la transparence et de la sécurité pour l’investisseur. Les liens étroits entre certaines victimes et des réseaux de marketing de réseau (MLM) soulèvent également des questions sur les méthodes de recrutement et de promotion de ces services de placement financier.
Le passage aux transactions en crypto-monnaies pour les retraits soulève des doutes supplémentaires sur la traçabilité et la légitimité des fonds. Cette évolution vers des méthodes de paiement moins réglementées et potentiellement anonymes pourrait représenter une tentative d’éviter les contrôles financiers et réglementaires stricts associés aux monnaies traditionnelles.
Les avertissements émis par les régulateurs financiers et les témoignages de victimes soulignent l’importance cruciale de la diligence raisonnable avant de s’engager avec des courtiers opérant depuis des juridictions opaques. L’expérience accumulée dans la communauté indique clairement que les promesses de gains rapides dans le domaine des crypto-monnaies et des investissements en ligne doivent être abordées avec scepticisme et une compréhension approfondie des risques impliqués.
En conclusion, WaveToMarkets et les entités associées représentent un cas d’étude sur les dangers inhérents aux investissements en ligne non réglementés, particulièrement dans le secteur volatil des crypto-monnaies. Les investisseurs potentiels sont encouragés à prendre en compte les avertissements, à rechercher des avis indépendants et à privilégier des courtiers et des plateformes reconnus et réglementés pour protéger leur capital et éviter de devenir victime d’arnaque.
Mkdfx et Wave to Markets, même combat
Le point de départ de notre curiosité pour les affaires de Guillaume Antier, c’est Mkdfx.fr. Un site de trading comme il en existe de nombreux, sur lequel vous êtes pratiquement sûr de perdre votre argent. Surtout, un site de trading installé dans le paradis fiscal de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
C’est depuis ce territoire microscopique que le site prétend démarcher des épargnants français de façon parfaitement illégale. Beaucoup de sites de trading se sont installés ces dernières années à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Pour les clients floués, cela complique gravement l’accès à la justice.
En février 2021, nous avons écrit un article sur Mkdfx.fr parce qu’au surplus, ce site a été inscrit sur la liste noire de l’Autorité des marchés financiers. Et à l’époque, nous avions noté sur le site une mention qui nous avait intrigués: « Partner of wave to markets who takes care of the treasury (withdrawal) est une société enregistrée à Saint Vincent et les Grenadines avec le numéro d’enregistrement 267 LLC 2020 ». Cette mention a, depuis lors, disparu du site internet.
Mkdfx mentionnait de cette façon un prestataire technique, fournisseur de liquidités: Wave to Markets. Wave to Markets est en apparence une plateforme de trading comme les autres. Mais dans le monde merveilleux des sites de trading, un site peut à la fois vivre de ses propres clients et également vendre ou louer des plateformes de trading “clés en main”, qui sont en réalité des copies de sa plateforme principale. Mais l’apparence du site a été modifiée et le client ignore qu’une plateforme de trading est en réalité un décalque d’une autre plateforme.
C’est ce que l’on appelle des “marques blanches”. Cela permet de développer l’activité en multipliant les marques. En interne, les mouvements et les ordres sont reliés à la même matrice. Mais de l’extérieur, les utilisateurs croient avoir affaire à des entités différentes qui peuvent d’ailleurs être exploitées par des personnes différentes.
C’est une technique très employée dans le milieu du trading à destination des particuliers parce que les plateformes ont tendance à être très rapidement “grillées”… Quand la réputation sur internet d’un site de trading est rédhibitoire, on en crée un autre sous un autre nom. Et ainsi de suite. Ainsi s’explique l’invraisemblable prolifération de ces sites.
La personne à l’origine de Mkdfx, en réalité, c’est probablement Mickael Daussy. Il enseigne le trading via son site mkdtrading.com dont le nom rappelle effectivement celui de MKDFX. Il dispose à cette fin d’une chaîne Youtube et d’un compte Instagram. Les apprentis trader sont très probablement invités à ouvrir un compte de trading chez… Mkdfx.
First St Vincent Bank Ltd Building, une addresse familière
Dans tous les cas, il y a un lien certain entre les deux sites Mkdfx et WavetoMarkets. En témoigne l’adresse postale qu’ils donnent tous les deux à ceux qui voudraient les joindre: le premier étage du First St Vincent Bank Ltd Building, dans James Street à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Son nom indique probablement qu’il s’agit d’un immeuble appartenant à la petite banque locale First qui loue le premier étage du bâtiment d’autres activités.
Cela ne signifie cependant pas que vous trouverez à cette adresse les bureaux de Mkdfx et de Wave to Markets. Plus probablement, il s’agit d’une boite aux lettres ou bien un hébergement dans un cabinet d’avocat spécialisé dans l’hébergement de société offshore. Cependant, la photo du bâtiment laisse deviner un étage vide. En tout cas pas digne d’un cabinet d’avocat.
Lorsque l’on google cette adresse, le “First St Vincent Bank Ltd Building”, Google la fait correspondre à d’innombrables autres sites de trading qui prétendent également y être domiciliés: swisscapitalfx.com, wilfordtrade.com, azaforex.com, axenfx.com, teletrade.org… Tous des sites du même acabit dont on devine que les bureaux ne se trouvent pas non plus au premier étage du “First St Vincent Bank Ltd Building”…
Mkdfx est un fantôme, mais pas Wave to Markets
Ce lien indiscutable entre Mkdfx et Wave to Markets est une chance extraordinaire. En effet, si personne ne sait à qui appartient Mkdfx, en revanche, pour Wave to Markets, il en va autrement. 14 personnes s’en réclament par exemple sur le réseau professionnel Linkedin. Ils sont presque tous en France.
Ce petit réseau détonne avec ce que présente le site même de Wave to Markets. Sur Linkedin, on lit que les “clients (du courtier) proviennent de 55 pays et sont principalement européens et français”. Pourtant, le site de Wave to Markets n’est qu’en anglais.
On y lit également qu’il offre un accès à “des services de négociation et d’investissement de détail sur un large éventail d’instruments financiers”. Or, avec une autorisation d’exercer obtenue à dans un paradis fiscal, Wave to Markets ne dispose tout simplement pas du droit de proposer ces services en France et dans l’Union européenne.
Il faudrait pour cela qu’il soit enregistré valablement dans un pays membre de l’Union européenne. C’est donc probablement en toute illégalité que Wave to Markets propose ses services. En cas de problèmes, c’est dans le paradis fiscal que ses clients devront se rendre pour porter plainte. Bonne chance…
Comment dans ces conditions peut-il employer près de 14 personnes en France, pratiquement toutes sous la houlette d’un certain Guillaume Antier.
Les clients de Wave to Markets attendent toujours leurs retraits de fond
Et comme si illégalité rimait avec délit, ceux qui ont fait confiance à Wave to Markets semblent aujourd’hui bien en peine de récupérer leur argent.
La plupart des clients de Wave to Markets ont été envoyé sur ce site par un autre site internet: B&G Invest. B&G Invest se présente comme “une communauté d’investisseurs sérieux, au sein de laquelle vous apprendrez à devenir rentable dans le monde de la finance et de l’investissement, au-delà même du trading”.
Une présentation sympathique, mais qui ne dit pas ce en quoi, juridiquement, B&G Invest consiste. S’agit-il d’un CIF, conseil en investissement financier ? Le site n’en porte pas trace. Apporteur d’affaires ? Certainement. Il nous rappelle à sa façon le modèle Fructify.
B&G Invest propose trois formules d’abonnement à 60, 200 et 250 euros par mois qui permettent de faire du “copy trading”, c’est-à-dire de copier les positions de “8 traders pros”, dont l’identité ne nous est pas connue mais qui seraient “certifiés par l’AMF” raconte un ancien client. Et quand B&G Invest recrute un nouveau client, sur quelle plateforme est-il très fortement incité à ouvrir un compte pour y déposer un capital et copier les trades d’un traders professionnels ? Wave to Markets… Le monde est petit.
Hélas, en janvier et février, ces traders auraient fait de mauvaises performances, précipitant un retrait massif des investisseurs. Et quand les investisseurs demandent tous en même temps des retraits, les plateformes de trading s’effondrent.
Est-ce ce qui est en train d’arriver à Wave to Markets ? Les demandes de retraits exprimées depuis le début de l’année ont du mal à être satisfaites. Et la direction du groupe ne cesse pas de trouver de nouvelles raisons de ne pas les satisfaire.
Ce fut d’abord le fameux incendie du serveur d’OVH à Strasbourg, qui aurait empêché les retraits. Puis c’est le Brexit qui fut avancé pour expliquer ces difficultés. Finalement, Wave to Markets a reconnu que trop de demandes avaient été formulées en même temps. Et dernièrement, les clients de Wave to Markets ont appris que leur plateforme avait décidé de “procéder à la mise en place des retraits par Cryptomonnaie en s’appuyant sur son partenaire Binance”. Un PDF a été édité afin d’expliquer la marche à suivre.
Pourquoi des crypto monnaies ? Pourquoi pas des euros ? Si Wave to markets est en France, cela ne prend que quelques jours. Idem en Europe. Un virement international ? Une quinzaine de jours au maximum. A moins qu’il soit compliqué de justifier l’origine de ces fonds ?
En effet, si les fonds sont juridiquement à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, les autorités risquent de s’intéresser à ce curieux mouvement de fonds. Dans ce cas, le paiement en crypto-monnaies sur un Wallet ouvert par les clients eux-mêmes peut être une solution discrète.
Une raison pourrait pousser dans ce sens: le patron a également développé un business dans les cryptos
Guillaume Antier, les tribulations d’un ancien champion de Golfe
Ce patron, c’est Guillaume Antier. Ce golfeur professionnel originaire de Tours a évolué sur le circuit PGA avant de se lancer dans les affaires et de créer Wave to Markets, B&G Invest et dernièrement donc, labarak.io. Notez bien que sur son profil Linkedin, Guillaume Antier ne parle ni de Wave to Markets ni de B&G Invest.
Cette société propose des investissements immobiliers utilisant la technologie Blockchain. Pour le dire plus simplement, cela consiste à authentifier des titres de propriétés immobilières et des contrats de location avec des blockchain. La blockchain permet d’authentifier les transactions en cryptomonnaies. Mais elle permet d’authentifier potentiellement beaucoup d’autres choses: diplômes, certificats, contrats…
Mais dans ce domaine encore balbutiant, peu d’offres tiennent réellement la route à ce stade. Et celle de Guillaume Antier pose quelques questions. En effet, son site ne présente pas de mentions légales. Impossible de savoir à quelle porte frapper si on veut lui demander des comptes.
Pire, on retrouve les tares de ses projets précédents. Ainsi peut-on lire dans les conditions générales du site qu’il est régi par les lois et règlements du… paradis fiscal. Une fois de plus. Le site labarak.io utilise le suffixe d’URL (.io) des Territoire britannique de l’océan indien, ce qui n’est pas non plus très rassurant.
Où se trouvent véritablement ses bureaux ? Le profil de l’une de ses employées nous incite à croire qu’il pourrait se trouver en réalité à Dubaï, un autre paradis fiscal et une place financière connue pour son opacité.
Nous avons sollicité Guillaume Antier et son équipe pour obtenir un commentaire à cet article et des réponses à nos questions. Après nous avoir accusé de “raconter n’importe quoi” et nous avoir menacé de procès en diffamation, il avait annoncé qu’il nous appellerai pour répondre à toutes nos questions. Nous n’avons jamais reçu son appel.
Nous avons également été contacté par Benjamin Bouchard, également CEO chez Labarak tout comme Guillaume entier. Il voulait préciser que Labarak “est une version bêta qui ne prend pas de dépôt client ou autre, nous ne prenons aucun financement client on offre 10€ à chaque utilisateur pour tester le service et avoir leur retour”.
Benjamin Bouchard est un ancien des sites de trading à destination des particuliers. D’après son profil Linkedin, il a travaillé pour des courtiers tels que Markets ou XM . Il nous a même expliqué être “consultant technique pour l’entreprise qui fournit les services logiciels à lessentjels des sociétés de fx offshore et européenne”, sans que cela ne semble apparaître sur son profil public. Benjamin Bouchard nous a expliqué être disposé à répondre à nos questions, à condition cependant que nous le citions de façon anonyme. Nous avons refusé.
Post-scriptum.
Depuis la publication de cet article, en août 2021, Guillaume Antier a lancé Agora Bank, où il travaille avec Philippe Sanchez, Carla Drut ou encore Jules Delcourt.
Au moins trois personnes se sont manifestées en tant que victimes, directes ou indirectes de Wave to Markets. L’une d’entre elles nous a expliqué avoir été l’un des élèves d’Impulse Trading, une “école de trading” lié à de nombreux de réseaux de recruteurs de MLM. Impulse semble avoir proposé une sorte de “robot de trading” supposant d’ouvrir un compte chez Wave to Markets.