CDA Développement est l’un des nombreux courtiers dénoncés par des internautes, créé et exploité par la famille Sitbon via des call-centers marocains.
Sommaire
Toggle- CDA Développement: fondée en 2017, radiée en 2024
- CDA Développement était pourtant prospère…
- Une réputation en ligne sulfureuse
- Quand Sandoz démasque le coup de bluff de CDA
- « Je vois que ça commence à votre niveau par FR76 »
- Quand il veut résilier, elle raccroche…
- Des sous-traitants marocains de Meknès: Tingis Groupe et FH Mek
CDA Développement: fondée en 2017, radiée en 2024
CDA Développement avait été créé en 2017 par Yoni Sitbon via sa société La Compagnie des Assurances. Le sigle CDA renvoie au nom de sa société mère, La Compagnie des Assurances. Yoni Sitbon représente la troisième génération d’un groupe familial de courtage qui fait l’objet de très nombreuses critiques de la part d’internautes floués. Nous en avons relaté mains exemples dans nos différents articles consacrés à Flandrin Assurance, Karsyl, Anavie ou encore IAG Santé.
Le site lacompagniedesassurances.fr a été créé en 2014. Il ne semble pas comporter de mentions légales. Son quasi jumeau, le site cdadeveloppement.fr, lui, a été créé plus tard, en 2019. Il est toujours en ligne et se réclame toujours dans ses mentions légales de la société CDA Développement, alors même que celle-ci a été radiée du registre du commerce et des sociétés en janvier 2024.
CDA Développement était pourtant prospère…
Difficile de savoir pourquoi l’entreprise a été radiée si rapidement. Les actes d’administration de l’entreprise indiquent que cela semble être une décision volontaire de son propriétaire et dirigeant, Yoni Sitbon. En 2020, l’entreprise déclarait pourtant un chiffre d’affaires de plus de deux millions d’euros.
Hélas, ce chiffre d’affaires était plombé par un endettement de près de 1,97 million d’euros… Pour 2020, CDA accusait donc une perte de près de 60 000 euros. Les documents comptables ne permettent pas de savoir qui était le créancier de CDA. Est-ce cet endettement endémique qui a fini par provoqué la liquidation de CDA? Etait-ce auprès de sa maison mère que CDA était endettée? Dans ce cas, cela pourrait s’apparenter à un habillage comptable. A moins que les mauvaises pratiques du groupe n’aient eu raison de lui? Ce ne serait pas la première fois que l’une des entreprises du groupe Sitbon fait faillite aussi rapidement…
Une réputation en ligne sulfureuse
Et dès 2020, CDA développement et son site commencent à être répertorié sur des forums et dénoncés. Le post le plus ancien que nous avons pu retrouver date d’octobre 2020, sur SFR. C’est le début d’une longue liste augmentée du forum d’Orange ou de plusieurs pages de Signal Arnaque comme celle-ci.
Ces dénonciations ont aussitôt suscité des propositions de la part de sites spécialisés dans l’aide à la résiliation de contrat d’assurance, proposant des modèles de lettres « clés en main », comme sur lettre-resiliation.com ou sur resilier.fr.
Quand Sandoz démasque le coup de bluff de CDA
Le fameux youtubeur et chasseur d’escroc Sandoz a publié une vidéo dans laquelle il décrypte les méthodes utilisées par les téléconseillers de CDA Développement. Cette vidéo a été publiée le 31 mai 2024 et elle a été visionnée par près de 200 000 personnes. La téléconseillère avec laquelle échange Sandoz se présente dès le début de la conversation comme « Dany », une employée de CDA.
Sandoz explore le mode opératoire de CDA qui s’apparente à une vraie partie de poker menteur, un gros coup de bluff de la conseillère destinée à obtenir autant de données personnelles de la part de la victime que possible puis à forcer son consentement. Sandoz qualifie cette façon de faire de pratique commerciale trompeuse et de vente forcée.
« Je vois que ça commence à votre niveau par FR76 »
La téléconseillère commence par demander son nom à Sandoz. Celui-ci lui en donne un faux, ce qui permet de vérifier qu’elle ment lorsqu’elle raconte avoir trouvé son dossier. Elle lui demande également de confirmer sa date de naissance. En réalité, c’est encore une façon de prêcher le faux pour savoir le vrai et ainsi de découvrir sa date de naissance.
Elle lui annonce la possibilité de bénéficier d’un « chèque énergie » de 200 euros, une enveloppe « mise à disposition ». Et pour que le faux client Sandoz puisse en bénéficier, elle lui demande de bien vouloir vérifier son IBAN. « Je vois que ça commence à votre niveau par FR76 » lui dit-elle. Elle prétend de cette manière savoir qu’il commence par FR76. Problème: tous les IBAN français commencent par FR76. Il s’agit donc d’un coup de bluff destiné à faire croire qu’elle a sous les yeux l’IBAN alors qu’elle n’a aucune information. Sandoz lui donne de faux chiffres, ce qui ne semble pas la tourmenter un instant alors qu’elle est censée les avoir sous les yeux et s’apercevoir qu’ils sont faux.
Quand il veut résilier, elle raccroche…
La téléconseillère lui envoie ensuite un mail sur lequel Sandoz doit cliquer plusieurs fois pour valider son consentement. Cela permet à Sandoz de découvrir les clauses du contrat. La téléconseillère lui a manifestement menti sur le contenu de l’engagement. Il va se trouver prélevé d’une douzaine d’euros chaque mois sans que la téléconseillère ne lui en ait jamais parlé. Il s’empresse de lui demander d’annuler. Elle lui raccroche au nez.
Imaginez les dégâts que peuvent faire ce genre de téléconseillers avec des personnes vulnérables… Nous avons échangé avec la nièce d’un agriculteur retraité et dépendant qui s’est retrouvé avec une vingtaine d’engagements et de prélèvements comparables.
En explorant le lien envoyé pour valider le consentement, Sandoz découvre une base de données non protégée qui va lui permettre d’évaluer l’ampleur des dégâts. Il appelle d’autres clients floués et découvre que ce ne sont pas quelques brebis galeuses au sein du call-center mais un véritable système. Tous racontent la même expérience.
Sandoz se livre à un petit calcul pour évaluer le préjudice cumulé. En réussissant à forcer le consentement d’une cinquantaine de personnes toutes les 30 minutes, cela revient à environ 1000 contrats par jours, soit 11 900 euros par jours, soit 357 000 euros par mois en moyenne.
Des sous-traitants marocains de Meknès: Tingis Groupe et FH Mek
L’accès à cette base de donnée permet également de découvrir que si CDA Développement est française, le call-center d’où appelle la téléconseillère est situé à Méknès au Maroc. Il s’agit de Tingis Groupe Call Center. Tingis vit en symbiose avec l’industrie assurantielle française.
Des cadres français y ont travaillé. Ainsi par exemple Jean-Baptiste Millancourt qui indique publiquement « centre d’appels Assurances-Énergies-Telecom-Protection Juridique-Prévoyance-Immobilier d’investissement-Crédits-Prêts » sur son profil Linkedin. Il est « responsable des partenariats stratégiques Muse Prevoyance » chez Tingis depuis 2020. Or, Muse Prevoyance fait l’objet de critiques en ligne qui rappellent beaucoup les critiques adressées à CDA Développement… Un forum s’intitule carrément « Muse prévoyance est elle une arnaque ».
Mais nous avons pu faire d’autres recoupements qui montrent que CDA Développement travaille également avec un autre call-center marocain situé à Meknes. Il s’agit de fh-mek.com, dont le site n’affiche plus de contenu mais qui a été archivé sur la WayBack Machine. D’ailleurs, FH Mek semble avoir fait le ménage et effacé beaucoup de traces de son activité passée, particulièrement sur Linkedin.
FH Mek a été dirigé par Fayssal Hammach, qui était parfaitement au courant des méthodes des téléconseillers qu’il encadrait. Depuis les révélations de Sandoz, Fayssal Hammach a effacé son profil Linkedin.
FH Mek travaillait pour CDA Développement. Mais FH Mek travaillait essentiellement à la commercialisation d’un produit appelé Doc and Go, dénoncé comme arnaque sur un site spécialisé.
Pour rédiger cet article, nous avons tenté de prendre contact avec Yoni Sitbon et CDA Assurance. Hélas, nos mails n’ont reçu aucune réponse.
Yoni Sitbon est également directeur de la publication du site economisemalin.fr qui propose des offres de cashback. Il en fait la promotion notamment dans les contrats qu’il fait signer.
Voici le texte publié sur Linkedin par Aymen Elkhayati:
Alerte Fraude :
Tingis Group et Muse Prévoyance accusées d’escroquerie massive, de violations de la loi et d’un montage financier complexe pour échapper à la TVA.
Une fraude massive ciblant des consommateurs français serait orchestrée depuis le Maroc par la société Tingis Group, selon un signalement reçu. Spécialisée dans les centres d’appels, Tingis Group proposerait des produits d’assurance et de services (T-doc.expert, T-doc plus, T-doc) via des méthodes illégales.
Un système bien rodé et des pratiques illégales.
Le modus operandi reposerait sur l’usurpation d’identité d’opérateurs téléphoniques, de mutuelles ou de fournisseurs d’énergie. Les téléopérateurs promettraient des remboursements et des réductions de frais pour obtenir l’IBAN des victimes et leur faire signer un mandat de prélèvement récurrent. Les enregistrements des appels seraient ensuite modifiés pour supprimer les éléments compromettants.
Outre ces pratiques frauduleuses, Tingis Group et Muse Prévoyance violeraient de nombreuses lois, notamment le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).
Les données des clients seraient acquises illégalement sur le marché noir, sans que les prospects n’aient jamais donné leur consentement pour être démarchés par téléphone.
Un montage financier complexe pour échapper à la TVA.
La fraude fiscale irait au-delà de la simple dissimulation de profits. Les produits commercialisés, présentés comme des garanties (service de téléconsultation médicale) incluant une protection juridique, permettraient à Tingis Group de passer sous les radars de l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).
En parallèle, pour l’assureur prenant en charge la partie « protection juridique », c’est la « téléconsultation » qui est présentée comme une inclusion.
Ce montage astucieux permettrait d’échapper à la TVA, normalement applicable à une garantie.
Soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.
Des soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent pèsent également sur Tingis Group et Muse Prévoyance.
Les profits générés par l’escroquerie seraient dissimulés au fisc français et blanchis via des mécanismes financiers complexes.
Des milliers de victimes ?
Tingis Group, dirigée par Rachid Benkirane, serait liée à la société française Muse Prévoyance, représentée par Jean-Christian Millancourt.
Muse Prévoyance servirait à gérer les prélèvements des clients français.
Les deux hommes seraient associés de longue date.
Le signalement évoque « des dizaines de milliers de victimes » prélevées chaque mois depuis plusieurs années.
Une enquête pourrait être ouverte pour vérifier ces accusations et identifier l’ampleur de la fraude.
Les responsables pourraient être poursuivis pour escroquerie, usurpation d’identité, violation du RGPD, évasion fiscale et blanchiment d’argent.