Les Etats-Unis durcissent le ton sur le bitcoin et le libra

Le bitcoin et le libra, la cryptomonnaie de Facebook, font couler beaucoup d’encre et de salive à Washington.

Les nouvelles venant des États-Unis ne sont pas bonnes pour le bitcoin et principalement la nouvelle monnaie imaginée par Facebook, le libra. Officiellement pensé pour faciliter les transferts d’argent internationaux, le libra essuie de vives critiques auprès des autorités américaines à commencer par le Président Donald Trump en personne. Omniprésent sur Twitter, c’est par ce canal de communication que le Président américain a dit tout le mal qu’il pensait de cette cryptomonnaie. Prenant soin de dire dès le début qu’il n’était « pas fan » du bitcoin et des autres cryptomonnaies, il a estimé que leur « valeur est hautement volatile et fondée sur du vent ». Le libra que Facebook veut lancer n’échappe pas non plus à ses virulentes critiques. Selon lui, cette monnaie n’aura « que peu de prestige ou de fiabilité ». Il n’a pas caché sa volonté de réguler toutes les cryptomonnaies au même titre que les institutions financières. «Si Facebook et d’autres entreprises souhaitent devenir une banque, elles doivent adopter une nouvelle charte bancaire et être soumises à toutes les réglementations bancaires, tout comme les autres banques, tant nationales qu’internationales» conclura-t-il. Ces critiques rejoignent celles formulées quelques jours plus tôt par Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine (FED). Devant le Comité des services financiers de la Chambre des représentants, il avait évoqué de «nombreuses préoccupations sérieuses» notamment sur la stabilité financière mondiale menacée du fait de la trop importante base d’utilisateurs de Facebook.

La sécurité nationale menacée selon la Maison-Blanche

Le Secrétaire américain au Trésor a, lundi, révélé « de très grandes inquiétudes sur le libra, qui peut être mal utilisé pour blanchir de l’argent ou financer le terrorisme ». La concurrence que peut créer cette monnaie pour le dollar reste cependant en filigrane de la position inflexible des autorités américaines. Au cours de la première journée de réunion des Ministres des Finances du G7 à Chantilly, dans l’Oise, Steven Mnuchin a assuré que Facebook «allait avoir beaucoup de travail à faire pour convaincre» l’administration Trump sur ce sujet. Il pointe notamment du doigt la menace que représente cette monnaie pour la préservation de l’intégrité du dollar américain et son rôle dans l’économie mondiale.

Le congrès pas convaincu non plus

Les sénateurs américains sont pour la plupart très septiques à l’idée de voir le réseau social américain se doter d’une cryptomonnaie. L’audition de David Marcus, le responsable du développement du projet Libra à Facebook, le 16 juillet, devant la commission des Finances du Sénat, n’aura pas eu les effets escomptés. Ce dernier peut d’ailleurs témoigner de l’accueil glaçant qui lui a été réservé tant par les démocrates que les républicains. Au coeur d’une pile de polémiques accumulées ces derniers mois, le sombre passif du réseau social ne fait pas du tout pencher la balance en sa faveur. La plupart des sénateurs ont en effet soulevé la question de la confiance à accorder à Facebook. «Facebook n’a peut-être pas l’intention d’être dangereux, mais ils ont déjà démontré qu’ils ne respectaient pas le pouvoir des technologies avec lesquelles ils jouent», a d’emblée attaqué le sénateur démocrate Sherrod Brown, se remémorant que «chaque fois que les Américains font confiance [à Facebook], il semblerait qu’ils s’en mordent les doigts».  Dans le même sillage d’idée, des voix comme celles de la sénatrice républicaine Martha McSally se questionnent sur les éventuelles conséquences d’un tel projet sur le respect de la vie privée, terrain sur lequel Facebook n’excelle vraisemblablement pas.  «Vous n’avez pas respecté la vie privée par le passé […] et pourtant vous lancez un nouveau produit et assurez que la vie privée sera respectée. Comment les utilisateurs pourront savoir si cela ne va pas aussi changer et que le respect de leur vie privée ne sera pas de nouveau enfreint ?», a-t-elle questionné avant de planter de façon peu flatteuse: «Je ne vous fais tout simplement pas confiance.»

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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