Le bitcoin : une monnaie virtuelle à haut risque

Si de nombreuses monnaies virtuelles ont fait leur apparition ces dernières années (ripple, litecoin, ether…), la plus connue reste le bitcoin. A quoi sert réellement cette monnaie électronique fonctionnant sans autorité centrale ? Ce moyen de paiement est-il vraiment sécurisé ?

Si le bitcoin, qui est une monnaie dépourvue de cours légal, a été au cœur de plusieurs scandales, elle n’en demeure pas moins un outil de paiement largement utilisé. Il s’agit d’une monnaie numérique internationale permettant de réaliser des transactions partout dans le monde de manière instantanée presque sans frais et sans passer par l’intermédiaire d’une banque. Utilisée par plusieurs millions de personnes, le bitcoin comporte toutefois de nombreux risques.

Comment est né le Bitcoin ?

En 2008, un mystérieux développeur connu sous le nom de Satoshi Nakamoto pose le concept du bitcoin avec une innovation qui fait la différence. Ce concept fonctionne grâce à un système de chaîne de preuves cryptographiques rendant la monnaie infalsifiable et non dépendante de tiers. En 2009, les 50 premiers bitcoins sont créés. Le logiciel open-source permettant leur création est rendu disponible, d’abord utilisé par les crypto-geeks puis étendu à l’ensemble de la population. Personne ne connait la véritable identité du créateur qui, en 2010, disparaît de la toile. Groupe de développeurs, agence gouvernementale, Google ? Plusieurs hypothèses sont évoquées. En 2011, le cours du bitcoin augmente et son taux de change dépasse les 30 dollars avant de retomber brusquement l’année suivante. En novembre 2013, il passe la barre des 1 000 dollars ! Suite à cela, de plus en plus de sites Internet et d’entreprises commencent à accepter ce moyen de paiement. Depuis, la sphère bitcoin a été marquée par plusieurs évènements et notamment le piratage de Mtgox, l’une des principales plateformes d’échanges, qui a fait baisser la valeur de 35 %. De même, en 2014, un flash crash de quelques secondes a fait chuter le cours du Bitcoin passant de 470 à 309 dollars, ce qui montre à quel point cette monnaie est volatile.

Comment fonctionne un tel système ?

Le bitcoin est une monnaie virtuelle également appelée crypto-monnaie qui s’échange sur Internet contre différentes devises monétaires (euro, dollar, yen…) et en dehors des réseaux bancaires traditionnels. Cependant, contrairement aux autres devises, le bitcoin est dépourvu de cadre juridique ce qui signifie qu’il n’a pas de cours légal et donc qu’un commerçant peut refuser ce moyen de paiement. De plus, sa valeur n’est pas régulée par une banque centrale. Du point de vue de l’utilisateur, Bitcoin s’apparente à une application mobile ou à un logiciel qui lui fournit un portefeuille personnel destiné à envoyer et recevoir des bitcoins. Derrière le réseau Bitcoin, se cache également un livre comptable nommé « Blockchain » qui permet de vérifier la validité de chaque transaction. Ces dernières sont vérifiées au moyen de signatures électroniques correspondant aux adresses émettrices. Il est possible d’obtenir des bitcoins en les échangeant sur une plateforme Peer to Peer (P2P). Pour payer avec des bitcoins, les utilisateurs doivent détenir un portefeuille électronique. Le vendeur (site de commerce en ligne ou magasin physique acceptant ce type de paiement) envoie une adresse composée de chiffres et de lettres sur le porte-monnaie électronique du client. L’utilisateur n’a plus qu’à transférer le montant dû vers cette adresse.

Quelle différence avec la monnaie fiduciaire ?

Il faut bien différencier le bitcoin de la monnaie fiduciaire. En effet, la monnaie fiduciaire repose sur la confiance que ses utilisateurs lui accordent et correspond au moyen de paiement le plus utilisé dans le monde. Le bitcoin est une monnaie totalement virtuelle qui n’est contrôlée par aucun Etat, sa mise en circulation est prévue, prévisible et finie.

Le Bitcoin : un moyen de paiement novateur et peu coûteux

Cette monnaie procure plusieurs avantages. Tout d’abord, elle est rapide, économique et sans frontières. En effet, les paiements sont réalisés de manière instantanée et les frais de transaction coûtent moins de 5 centimes. Il s’agit d’un outil commun accessible à l’ensemble des usagers, tout comme Internet. La masse monétaire des bitcoins fait l’objet d’un encadrement strict, évitant ainsi l’hyperinflation et les abus de création monétaire. Enfin, le bitcoin est un moyen de paiement sécurisé, considéré comme infalsifiable. L’ensemble des transactions Bitcoin sont regroupées dans une base de données publiques, la Blockchain.

Quels sont les risques et abus potentiels ?

Le bitcoin est une monnaie relativement récente, il est donc encore trop tôt pour affirmer qu’elle est entièrement fiable. Par ailleurs, son cours n’est établi qu’en fonction de l’offre et de la demande sur le marché public, ce qui génère une importante volatilité. Aucun organisme centralisé ne garantit son utilisation, l’utilisateur peut donc tout perdre du jour au lendemain. La sécurité du bitcoin est limitée et le risque de piratage est bien présent comme le montre la faille de sécurité qui avait été découverte sur les portefeuilles bitcoin sous Android en 2013.

Si le bitcoin est généré par un algorithme programmé, il est d’abord le fruit d’une organisation humaine. Etant indépendant des lois existantes, il peut alors déboucher sur un abus de pouvoir. Par ailleurs, dans un rapport de 2012, la Banque Centrale Européenne (BCE) estimait que les bitcoins pouvaient encourager le blanchiment d’argent, le trafic de drogue ainsi que les montages de type « Ponzi ». Si le Bitcoin n’a pas été conçu comme tel à l’origine, il est cependant possible que les premiers entrants soient parvenus à instaurer un système qui en présente les principales caractéristiques. Effectivement, lorsque le cours de cette monnaie monte, de nouveaux agents se mettent à « miner », à la recherche de gains potentiels. D’autres achètent des bitcoins contre des devises ce qui entretient le phénomène haussier et rémunère les entrants précédents.

Ainsi, si un tel système devait prospérer, ce ne sera pas sans l’instauration de normes légales. Les autorités judiciaires et étatiques sont déjà intervenues pour appliquer certaines règles de droit au Bitcoin. De même, les risques encourus par les investisseurs sont si importants qu’il sera probablement inévitable à terme de mettre en place une autorité centrale. Cependant, la création d’un cadre législatif adapté à ce système ayant une portée mondiale semble délicate. Il est donc probable que les Etats continuent d’appliquer les règles actuelles mais inadaptées à ce nouveau système.

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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