Des vendeurs en options binaires se tournent vers l’industrie des crypto-devises

Les fraudeurs qui ont prospéré dans l’industrie des options binaires tentent désormais d’escroquer les particuliers sur un nouveau terrain de jeu : les crypto-devises et notamment le Bitcoin dont le cours a explosé ces derniers mois.

Plusieurs sociétés frauduleuses d’options binaires ont fermé leurs portes alors que d’autres sont parties s’installer à l’étranger. Les plus dynamiques se sont concentrées sur d’autres secteurs comme la vente de diamants, les crypto-devises ou encore les activités de crédit prédatrices.

Une loi qui provoque le départ des entreprises d’options binaires basées en Israël

Le 23 octobre 2017, la Knesset a voté unanimement pour l’interdiction de l’industrie des options binaires, une escroquerie qui a rapporté plusieurs milliards de dollars et qui a fait des milliers de victimes à l’échelle mondiale. La loi, qui entrera en vigueur en janvier, a donné trois mois aux entreprises d’options binaires pour cesser leurs opérations. Passé ce délai, toute société impliquée dans cette industrie frauduleuse sera passible de deux ans de prison.

Suite à l’adoption de ce texte visant à encadrer la vente d’options binaires sur le marché, de nombreuses entreprises ont cessé d’exercer leur activité. En effet, les anciens opérateurs du secteur sont à la recherche d’un nouveau travail. Les annonces d’emplois dans le secteur des options binaires sont en baisse alors que celles dans le domaine des crypto-monnaies explosent en Israël. Les escrocs se voient contraints de trouver un nouveau produit d’appel. Ainsi, l’interdiction des options binaires n’est qu’une faible victoire dans la lutte contre la corruption sur le territoire. Si cette fraude massive venait à se confirmer, la vente de crypto-monnaies serait polluée par des vendeurs escrocs expérimentés, dotés d’un savoir-faire aiguisé par de nombreuses années passées dans l’industrie du Forex, des options binaires ou du diamant d’investissement. Actuellement, les plus grands fraudeurs jouissent encore de comptes bancaires débordants à l’étranger. Parmi eux, il y a notamment d’anciens employés de l’Etat d’Israël, des personnalités politiques connues, des proches de hauts responsables de la police.

Ces derniers mois, la police n’a procédé qu’à quelques arrestations liées à l’industrie des options binaires. De plus, rien n’indique que des ressources significatives ont été consacrées à l’inculpation des criminels. Les responsables de ces arnaques de grande ampleur esquivent constamment la question de leur responsabilité concernant le remboursement de l’argent dérobé aux victimes. La fraude aux options binaires prend quant à elle plusieurs aspects : l’impossibilité pour les victimes de pouvoir retirer leurs fonds, la manipulation des plateformes de trading en ligne, l’usage des données personnelles des clients dans l’objectif de réaliser des paiements sous leur identité. Si les législateurs sont finalement passés à l’action pour mettre fin à une méga-fraude, ce processus semble bien insuffisant pour freiner les escrocs car ceux-ci se tournent désormais vers des secteurs encore plus rentables : les crypto-devises.

Les crypto-monnaies, nouveau terrain de jeu des escrocs

Fin novembre 2017, le cours du Bitcoin a dépassé les 10.000 dollars alors qu’il se situait autour des 700 dollars fin 2013. Malgré sa grande volatilité, ce placement séduit de plus en plus d’investisseurs particuliers souvent mal informés des risques encourus. Mi-décembre, son cours a même frôlé les 20.000 dollars avant de chuter de 30 %. Si les escrocs s’intéressent de très près aux crypto-monnaies c’est parce que le secteur ne fait l’objet d’aucune réglementation à l’heure actuelle. En cas de faillite ou de fermeture soudaine d’une plateforme d’échange, il n’y a aucun recours possible pour l’investisseur. Le fait que les fraudeurs montrent de l’intérêt pour les crypto-devises pourrait faire dangereusement gonfler la bulle spéculative.

Outre le Bitcoin, les Initial Coin Offering (ICO) qui permettent aux startups de lever des fonds sans passer par l’intermédiaire d’un organisme bancaire classique, sont aussi soupçonnées de dissimuler des pyramides de Ponzi dans quelques cas. Il ne faut pas oublier qu’une fois l’ICO lancée, ses créateurs peuvent décider d’abandonner le projet du jour au lendemain. En effet, l’investisseur n’est pas protégé puisqu’il n’existe aucun cadre légal pour ce type d’opération. Pour investir dans une ICO, il est nécessaire de vérifier le rôle du token dans le projet, les modalités de l’ICO elle-même, la roadmap, les aspects juridiques ou encore la communauté entourant le projet. Il faut également que les développeurs soient connus et aient fait leurs preuves. Toutefois, même si ces éléments sont réunis, cela ne constitue pas une garantie suffisante. En 2017, les investisseurs ont versé plusieurs milliards de dollars dans les ICOs. La startup israélienne Bancor a même levé 153 millions de dollars au mois de juin dernier en seulement 3 heures. Dans un tel contexte, il est vivement conseillé aux investisseurs particuliers de garder leurs distances avec ces opérations totalement insécurisées.

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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