Vendredi 10 septembre, la direction commerciale de l’équipe de football du Paris Saint-Germain (PSG) a annoncé, via un communiqué de presse sur le compte twitter anglais, un nouveau partenariat de sponsoring avec Crypto.com, une plateforme d’échanges de cryptomonnaies dont le siège social est basé à Hong Kong. Petite entorse cependant : l’entreprise n’est pas titulaire de l’agrément PSAN pour réaliser du sponsoring en France. Décryptage.
Crypto.com est un mastodonte dans le secteur des plateformes d’échange de cryptomonnaies puisque la société appartenant à Forex DAX MY Limited basée à Malte comptabilise pas moins de 122 millions d’utilisateurs à l’international. D’après le journal L’Équipe, le contrat de sponsoring avec le PSG porterait sur 25 à 30 millions d’euros par saison.
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Une entorse à la loi Sapin II ?
En France, selon le Code de la consommation, “toute opération de parrainage ou de mécénat est interdite lorsqu’elle a pour objet ou pour effet la publicité, directe ou indirecte, en faveur (…) de services sur actifs numériques”.
De plus, si Crypto.com veut devenir un sponsor du PSG, elle doit avoir en sa possession l’agrément PSAN, autrement dit l’agrément de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) délivré par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Pour l’AMF que nous avons contacté à ce sujet, nous avons obtenu une réponse assez expéditive : « L’AMF ne fait pas de commentaire sur les cas particuliers« .
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Une entourloupe rendue possible grâce aux nouvelles technologies
Pour contourner l’interdiction française, le PSG avec la complicité de ses diffuseurs, a utilisé la technologie Digital Overlay lors de la rencontre PSG-Clermont samedi 11 septembre. Son principe ? Masquer le logo de Crypto.com sur les bandeaux publicitaires LED pour les téléspectateurs français regardant la rencontre sportive sur Amazon Prime Vidéo. Par contre, les mêmes bandeaux publicitaires étaient visibles pour ceux qui regardaient le match par l’intermédiaire d’un diffuseur officiant dans un pays dans lequel les sociétés du secteur des cryptomonnaies ne sont pas interdites.
Comme le confiait Eric Anziani, directeur des opérations de Crypto.com, au magazine Capital : « En attendant que notre application PSAN soit approuvée par l’AMF, notre logo en bord de terrain est visible uniquement lors des diffusions faites en dehors de France ».
Dans la catégorie des arnaques astucieuses, nous vous parlons souvent des contournements avec les législations françaises et européennes. S’ajoute désormais dans ces arnaques astucieuses, les nouveaux moyens digitaux permettant de géolocaliser les publicités affichées sur les écrans.
La technologie Digital Overlay au parc des Princes
En avril 2018, lors d’une rencontre avec l’AS Monaco, le PSG a mis en œuvre sa technologie Digital Overlay. Le rendant ainsi pionnier en Europe. Le principe de cette technique informatique développée en association avec AIM Sport ? Géolocaliser les publicités présentes sur les écrans LED du parc des Princes.
Ainsi, les diffuseurs mondiaux des matchs peuvent émettre les spots de pub en différentes langues à destination d’un profil de téléspectateur. En plus de permettre une diffusion des publicités atteignant un public cible, Digital Overlay permet au club attirant des millions de téléspectateurs de développer ses activités marketing à l’international. Trois ans après la mise en place de cette technologie, le PSG n’a pas hésité à l’utiliser pour développer un partenariat avec Crypto.com.
Confusion entre jeux d’argent et investissements, appétence importante des supporters pour les jeux d’argent… le PSG surfe sur ces facteurs pour s’engager dans des sponsorings toujours plus lucratifs. Comme en 2016 avec Option Web ou en 2020 avec Hotforex, le PSG ne cesse de signer des contrats avec des sociétés dont les activités sont très contestables et très souvent à la limite de l’illégalité. Finalement, le perdant sera toujours le supporter qui se laissera tenter par ces investissements d’argent qui seront partiellement ou totalement perdus. Pire encore, pris dans la tourmente de ces faux investissements, il pourra s’endetter.