Soupçonné d’avoir joué un rôle de conspirateur dans l’escroquerie financière du Onecoin qui aurait détourné 3,28 milliards d’euros à l’échelle mondiale, Frank Schneider a fait l’objet d’un mandat d’arrêt international par des procureurs américains de la juridiction de New York. Le 29 avril dernier, l’homme d’affaires luxembourgeois a été interpellé en Moselle par la Brigade de Recherche et d’Interventions (BRI) de Metz.
Qui est Frank Schneider ?
En juin 2020, Frank Schneider ainsi que deux autres agents du service de renseignement luxembourgeois ont été acquittés, pour manque de preuves, par les juges de la douzième chambre pénale dans le cas du procès SREL (Service de renseignement de l’Etat luxembourgeois). Il a été traduit en justice pour des enregistrements téléphoniques prétendument illégaux. En effet, Frank Schneider ainsi qu’André Kremmer et Marco Mille auraient intercepté en janvier 2007 des appels d’un informateur sans avoir reçu l’autorisation du ministre d’État de l’époque, Jean-Claude Juncker. Le but de ces écoutes aurait été d’obtenir des informations sur l’affaire Bommeleeër, une série d’attentats ayant frappé le Luxembourg entre 1984 et 1986.
Ancien agent de renseignement luxembourgeois, Frank Schneider a été employé par la Banque européenne d’investissement (BEI) via son entreprise d’intelligence économique Sandstone créée en 2008. Une reconversion d’homme d’affaires après sa carrière dans le renseignement luxembourgeois. Paradoxalement, la BEI, l’institution de financement de l’Union européenne, avait mandaté cette société luxembourgeoise depuis 2015, pour aider le Bureau du chef de la conformité (OCCO pour Office of the Chief Complicance Officer) à vérifier la probité des clients de la BEI. Le but étant de garantir l’absence de blanchiment d’argent…
L’implication de Frank Schneider dans OneCoin
Les procureurs américains affirment que l’ex-agent des renseignements utilisait son réseau pour avertir des cybercriminels qu’ils étaient soupçonnés d’être impliqués dans l’arnaque au Onecoin, un système pyramidal se faisant passer pour une société de cryptomonnaie créée en 2014. Il est donc désigné comme « informateur » et « blanchisseur » dans cette fraude.
Le cofondateur bulgare de OneCoin Ltd (société enregistrée à Dubaï) et OneLife Network Ltd (société enregistrée à Belize), Konstantin Ignatov arrêté en mars 2019 à l’aéroport de Los Angeles, aurait cité le nom de Frank Schneider à plusieurs reprises. Le ministère de la justice américaine accusait Konstantin Ignatov et d’autres responsables, de fraude financière et de blanchiment d’argent.
Plus de trois milliards d’euros auraient été dérobés entre 2014 et 2017 à de millions d’investisseurs répartis dans une soixantaine de pays. Selon les enquêteurs, un milliard d’euros aurait été blanchi par des institutions financières situées au moins dans 21 pays.
Frank Schneider a donc probablement eu des relations avec Ruja Ignatova, la « cryptoqueen » à l’origine de Onecoin et sœur de Konstantin Ignatov. Elle fuit les autorités, y compris le FBI depuis 2017. En 2019, elle a été inculpée par contumace par les autorités américaines pour fraude électronique, fraude en valeurs immobilières et blanchiment d’argent. Elle encourt une peine de 20 ans de prison pour chaque chef d’accusation.
A l’heure actuelle, Frank Schneider est écroué à la prison de Nancy en attendant la demande d’extradition vers les États-Unis puis l’accord du gouvernement français. Présumé innocent, il reste désormais à connaitre sa véritable implication dans cette crypto-escroquerie.