Faux sites administratifs : un million de victimes chaque année en France

Extrait de casier judiciaire ou de naissance, nombre de points sur le permis de conduire, demande de carte grise, autorisation de voyage électronique… les faux sites administratifs ont flouté un million de Français l’an passé. Avec un référencement optimisé les portant en tête de liste des moteurs de recherche et une charte graphique mimant à la quasi-perfection les sites officiels, ces faux sites administratifs ont créé des préjudices financiers frôlant les 150 millions d’euros. Décryptage.

Des intermédiaires qui se font passer pour l’administration

Certaines démarches, que tout citoyen est amené à faire, sont proposées gratuitement par l’administration française. Si vous êtes sur le site légal, il vous suffira de remplir des champs d’identification pour obtenir votre carte grise, votre extrait de naissance ou autres.

C’est ce service qu’on voulut exploiter des centaines d’individus mal intentionnés sur Internet.

Leur parade est simple : construire un site web se rapprochant du site officiel pour piéger les citoyens et faire en sorte qu’ils réalisent leurs démarches administratives moyennant rémunération.Ces sites n’hésitent pas à tromper les internautes en prenant l’apparence de sites officiels : reproduction à l’identique de la charte graphique du site, usage des couleurs bleu-blanc-rouge et logo de la Marianne, référence à des ministères et des ministres. De plus, ils sont souvent en tête dans les moteurs de recherche car ils ont acheté leur positionnement.

Une fois sur le faux site web, la personne remplit ses coordonnées pour demander une attestation (carte grise, extrait de casier judiciaire ou autres). Petit hic : à la fin de la procédure, il est indiqué qu’il faut payer.

Dans plus de 75% des cas, le demandeur, persuadé d’être sur la « vraie plateforme administrative » paiera supposant ne pas être au courant que le service était dorénavant payant.

Pour la suite du scénario, deux cas de figure peuvent se présenter :

– Le demandeur reçoit quelques jours plus tard son document. Et là, finalement, le fameux document a été demandé par les détenteurs du faux site au vrai site administratif. Les fraudeurs jouent donc le rôle de société intermédiaire et facturent finalement leur service en toute impunité. En général, leurs CGV (Conditions générales de Vente) stipulent leur statut d’intermédiaire et ces trompeurs arrivent à passer entre les mailles du filet des textes législatifs (voir encadré  » A SAVOIR » ci-dessous).

–  Le demandeur qui a payé le service ne reçoit jamais son attestation dans sa boite mail ou sa boite aux lettres.

En 2016, plus de 300 réclamations concernant des demandes d’extraits de casiers judiciaires non reçus et payés sur des sites non officiels ont été signalées par le Casier judiciaire national.


À SAVOIR

Rien n’interdit à un professionnel (même étranger) ne dépendant d’aucune administration de proposer un service payant du moment qu’il respecte un certain nombre de règles (le consommateur devant par exemple recevoir une information détaillée sur les tarifs pratiqués et une facture/confirmation de commande TTC). Ils ne sont par ailleurs pas autorisés à prendre l’apparence d’un site officiel de l’administration.

Source : Attention aux faux sites administratifs et aux arnaques en ligne !– Service Public.fr.


D’autres «combines» existent aussi pour toucher les professionnels : soyez vigilant si vous réalisez des démarches pour créer une entreprise ou communiquer avec l’URSSAF.

Aussi, la France n’est pas la seule à subir ces comportements frauduleux. Soyez donc attentif si vous faites des démarches sur d’autres portails gouvernementaux.

Sans oublier que certains faux sites vont plus loin et arnaquent les citoyens en leur faisant payer, à leur insu, des abonnements. C’est le « piège de la souscription ».

Quelques conseils pour repérer la tromperie

Pour éviter toute confusion, vérifier l’adresse Internet (URL) du site :

Les URL de l’administration française se terminent par « .gouv.fr » ou « .fr » et jamais par « .gouv.org » ou « .gouv.com  » ;

– Un site qui finit en «.fr» et arrive en tête de votre moteur de recherche n’est pas forcément légal.

– L‘extension .fr ne garantit pas obligatoirement qu’il s’agisse d’un site officiel français. Sachez que la société qui l’exploite peut ne pas être établie en France. (valable pour tous les autres pays)

Veillez aussi à lire les mentions légales et Conditions Générales de Vente de chaque site fréquenté.

Avant d’entreprendre toutes démarches administratives, vérifiez l’URL du site et renseignez-vous d’abord auprès des vrais sites officiels de l’administration française avant de passer une commande et de donner vos coordonnées de carte bancaire.

Dans un autre registre : les usurpations des sites de l’administration française (sécurité sociale, DGFIP etc…) sont aussi en très forte hausse.

Prochainement, le gouvernement va lancer  une campagne de mise en garde contre les faux sites administratifs, qui piègent chaque année environ un million de personnes, pour un préjudice évalué à 150 millions d’euros.

De quoi s’intéresser à ce phénomène qui existe déjà depuis plusieurs années !

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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