Interdiction des options binaires en Israël : diversion ou véritable mesure répressive ?

Comme nous vous l’avions souligné fin octobre sur le site de Warning Trading, la Knesset a adopté ce 23 octobre 2017, à l’unanimité, une loi visant à interdire l’industrie des options binaires d’Israël. Cette mesure restrictive, qui tombe 10 ans après l’essor des options binaires, a-t-elle pour objectif de protéger les particuliers ? Ou est-elle simplement une opération de communication qui détournera les regards du monde entier sur cette industrie frauduleuse révélée au grand jour par les médias.

A l’origine de la loi : des lanceurs d’alerte

Le projet de loi interdisant la fraude aux options binaires n’a été pris au sérieux qu’en août 2016 lorsque le président de l’Autorité des titres (ISA), Shmuel Hauser s’est aperçu de son ampleur.
Sa prise de conscience a notamment été amorcée par l’article de Simona Weinglass, journaliste d’investigation au Times of Israel, datant de mars 2016 et intitulé   « Les loups de Tel Aviv : la vaste et immorale arnaque du forex dévoilée ». Un entretien avec cette journaliste et le fondateur et rédacteur en chef du journal en ligne israélien, David Horovitz, viendra apporter des éléments complémentaires à Shmuel Hauser.

Dans la foulée, ces deux journalistes d’investigation ont alerté : les membres de la Knesset (parlement de l’Etat d’Israël), la présidente de la commission de contrôle de l’Etat, le président de l’Agence juive (organe gouvernemental chargé de l’immigration juive en Israël). Puis finalement, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et son bureau, qui avait émis un communiqué prônant l’interdiction des options binaires partout dans le monde et non plus seulement à l’égard des Israéliens comme voté plus tôt.

Après cette prise de conscience de l’escroquerie des options binaires, autant auprès du grand public à travers des reportages et témoignages de victimes publiés dans le Times of Israel qu’auprès de la classe dirigeante, le parcours laborieux du projet de loi a commencé.

Une loi qui allait s’avérer être très difficile à promulguer compte tenu des vives réactions suscitées au sein des lobbyistes de l’industrie des options binaires.

Une loi qui reste néanmoins partielle

Pour résumer, la loi qui a été adoptée ce 23 octobre 2017 correspond à une version partielle du projet de loi initial. En effet, l’interdiction visait les options binaires mais également les sociétés de Forex et de CFD (Contract For Difference) opérant sans licence depuis Israël.

Sous la pression des représentants des entreprises d’option binaires et leurs lobbyistes, les législateurs ont revu leurs copies et orienter les débats pour faire marche arrière vis-à-vis du projet de loi initial. « Vous ne pouvez pas imaginer les pressions exercées sur les membres de l’institution pour affaiblir le texte. L’industrie a beaucoup d’argent et exerce des pressions considérables » a précisé une source du Times of Israel.

Des moyens suffisants pour faire appliquer la loi ?

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que la rentabilité de cette entreprise frauduleuse des options binaires est estimée oscillant entre cinq et dix milliards de dollars par an. Derrière elle, se cachent aussi des centaines d’entreprises et des milliers d’employés.

Les ressources informatiques et juridiques de ces entreprises, officiant via le net et les appels téléphoniques, dépassent, sans l’ombre d’un doute, celles des services de police israélien.

Comme le souligne David Horovitz dans l’un de ces derniers articles parus sur le Times of Israel : « il nous est clairement apparu que ces unités qui tentent de gérer ces nouveaux visages high-tech, modernes, du crime ancestral – où des escrocs enregistrent des entreprises à l’étranger, créent et referment par intermittence des sociétés, utilisent de fausses identités, manipulent l’internet et plus – ne bénéficient pas de suffisamment de ressources, loin de là, et sont trop facilement déjouées par les criminels ».

Compte tenu du scénario qui a fait naître cette loi, nous restons malheureusement très pessimistes quant au recul de cette escroquerie financière mondiale des options binaires.

Restez donc toujours vigilant et si un doute subsiste, vérifiez l’intégrité de votre interlocuteur avec notre service Check & Pay.

Nicolas Gaiardo

Nicolas Gaiardo

Nicolas est un journaliste engagé dans la lutte contre les escroqueries financières et passionné du monde de la finance. "Débusqueur" des dernières arnaques astucieuses dans des produits financiers dits atypiques, il se fait un point d'honneur à vous en faire profiter.

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MapkPOCC

Bonjour,
Personne ne dénonce cependant l’aveuglement des législateurs européens qui ont laissé prospérer ces sociétés à MALTE ET CHYPRE plus particulièrement, mais également en Grande-Bretagne. Quand on explique le mécanisme des options binaires, n’importe quelle personne un peu sensée comprend qu’il n’y a aucun réel mécanisme économique. C’est simplement un « pile ou face » ou un « jeu de bonneteau » déguisé en activité boursière. Or, les options binaires telles que montées par ces sociétés israéliennes en majorité, sont de véritables arnaques. Et le scandale c’est que les législateurs européens ont laisé faire jusqu’à récemment. Il a fallu que la Belgique en premier, bravant le fameux droit au passeport européen, pour interdire cette activité sur son sol! Si en aval d’ISRAEL, la Communauté Européenne avait fait son travail avec efficacité et monté rapidement un barrage législatif, on n’en parlerait même pas. Ayant personnellement enquêté sur le droit des sociétés à prospérer depuis CHYPRE ou MALTE, je me suis heurté à une réelle opacitélégislative. Au niveau de la Commission Européenne, les PV d’assemblée sont introuvables, ou alors très très bien cachés. Impossible de trouver de référence aux lois européennes concernant le passeport européen. Impossible de savoir quels députés l’ont voté. Il existe un vrai problème de protection des citoyens européens contre ces mafieux des Options Binaires qu’on retrouve également dans bien d’autres domaines: CFD, crypto-monnais, carte verte USA, plombiers et dépannage en France, etc… Nous sommes, nous consommateurs, comme piégés dans un véritable nid de frelons. Au final, aux victimes de ce démerder face à l’incurie des législateurs européens eux aussi responsables de ces arnaques!!!

GAMOT

En réponse au commentaire précédant de MapkPOCC .Bravo à vous je partage entièrement votre annalise .Les grands responsables de ces arnaques hors normes sont nos responsables politiques qui ne protègent pas les citoyens .Au diable la finance et leurs escroc

luc

Bonjour,
Tout ceci est lamentable, voir clownesque.
Cela fait déjà deux fois en six mois qu’ils font la simulation de répression sur les options.
Un effet d’annonce, de toute façon ce n’est pas le produit qui pose des problèmes mais les escrocs.
Cette fois ci ils seront punis et auront une grosse tape sur les doigts, les gros vilains.
N’oublions pas aussi que beaucoup sont des ressortissants français.
Moi même j’ai été escroqué, j’avais même leur adresse en France et Israël que j’ai communiqué à la police.
Mais tant qu’il qu’il n’y pas mort d’homme ça n’intéresse personne.
On m’a même dit franchement qu’il y aura peut être pas d’enquête du tout, le bon vouloir de …
Pour l’international les actions sont à la ramasse, on n’est pas prêt.
Et puis qui est mouillé ?.Depuis plus de sept ans, tout ça est grotesque !

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