Suite à un article sur le site seniords.fr, nous avons reçu une plainte du directeur de CN2I, Michael Fraysse. Notre article ne lui convenait pas. Pourtant, c’est à la suite de notre article que des mentions légales ont fait leur apparition sur seniords.fr. A sa demande, nous avons réexaminé les offres d’investissement du groupe CN2I.
Sommaire
Toggle- CN2I achète-t-il des coordonnées de prospects?
- Liens sponsorisés et sites de capture encore sur la sellette
- Plus de 80 employés mais deux personnes seulement sur Linkedin
- 11% de bénéfices mais des risques de pertes en capital
- Des mentions légales font subitement leur apparition sur seniords.fr
- Un site « en construction » mais qui démarche des investisseurs
- Des annonces immobilières transformées en projet d’investissement en EHPAD
- La presse reprend les informations de Warning-Trading
- Mickael fraysse arrêté en Colombie
CN2I achète-t-il des coordonnées de prospects?
Un internaute nous a signalé une offre d’investissement dans des EHPAD pour laquelle il a été démarché téléphoniquement par un certain Nicolas Arimo de chez seniords.fr. Cet internaute a pris la peine de demander comment Seniords avait eu ses coordonnées. Nicolas Arimo lui a rappelé qu’il avait rempli un formulaire de demande de renseignement sur les placements plusieurs semaines auparavant.
L’internaute, qui nous a demandé de protéger son anonymat, s’en souvenait très bien. Ce qui l’avait surpris, c’est que ce formulaire ne précisait pas que ses coordonnées allaient être transmises à Seniords ou à sa maison mère CN2I. Il n’avait pas gardé de trace de lien mais il nous en a envoyé d’autres exemples: livret-2021.fr, compte-livret.fr, lp.les-placements.com, club-investisseur.com… Des sites que nous pointons régulièrement du doigt. Du coup, il suppose assez logiquement que Seniords-CN2I a acheté ses coordonnées à une société de marketing qui édite ce genre de formulaire.
Ces fameux formulaires, c’est ce que dans le jargon, on appelle des « formulaires de capture ». C’est un type assez particulier de publicité, typique du web et souvent associé à des arnaques parce que ces publicités ne disent pas ouvertement pour quels produit, service ou société elles font de la publicité. L’objectif est simplement de récupérer vos coordonnées pour les revendre à quelqu’un qui pourra ensuite s’en servir. Donc mieux vaut ne pas être trop précis quand on présente ce formulaire de capture.
Surtout, cette activité de récupération de données ou « leads » ou « prospects » est une activité à part entière et spécialisée. Des sociétés se sont spécialisées dans cette activité et ne font que cela. Elles revendent ensuite ces clients potentiels à des sociétés travaillant dans les secteurs d’activités concernés par les publicités via lesquelles ces clients potentiels ont été recrutés.
Liens sponsorisés et sites de capture encore sur la sellette
Exemple: une publicité pour un produit financier rémunérateur. L’internaute clique et est dirigé vers un site de capture. Il remplit un formulaire pour « obtenir plus d’information ». Plusieurs semaines plus tard, ses coordonnées ont été vendues à une société d’investissement qui cherche à se développer et qui l’appelle en lui rappelant qu’il a rempli ce formulaire il y a quatre semaines. Sauf que le client potentiel n’a jamais entendu parler de ladite société.
C’est une méthode de démarchage qui pose un certain nombre de problèmes, à commencer par sa légalité. Les entreprises spécialisées dans ce genre de recrutement sont souvent dans l’illégalité ou parfois dans la franche complicité d’escroquerie. C’est ainsi que l’une d’entre elles a par exemple usurpé l’identité de personnes connues pour recruter des victimes de sites de trading comme Alvexo. Ces publicités utilisent généralement ce que l’on appelle les « liens sponsorisés » pour parvenir à leurs fins. Nous avons décrypté ce phénomène dans l’un de nos articles et l’une de nos vidéos.
Plus de 80 employés mais deux personnes seulement sur Linkedin
Le groupe C2NI achèterait les coordonnées de clients potentiels qui ne savent pas que leurs coordonnées vont ensuite être transmises -probablement vendues- à CN2I. Ce témoignage est corroboré par notre propre expérience. Nous remplissons régulièrement ce genre de formulaires avec de faux profils de victimes pour étudier la destination de ces coordonnées personnelles. Et nous aussi, nous avons été contactés par CN2I… Nous avons posé la question à Michael Fraysse, le directeur de C2NI, dont la presse a déjà parlé par le passé à un tout autre titre. A ce jour, ni confirmation, ni infirmation.
C’est un certain Philippe Gaillard, probable collègue de Nicolas Arimo, qui nous avait contacté. Impossible de vérifier la réalité de ces profils. Sur un site de notation d’employeurs, une petite guéguerre semble se livrer entre anciens employés contents et anciens employés floués. Cependant, les appréciations de ce genre de sites sont impossibles à vérifier et il peut s’agir de règlements de comptes individuels. Michael Fraysse admet implicitement et publiquement que des « détracteurs incompétents, opportunistes, jaloux et mauvais perdants » ayant quitté récemment son entreprise puissent essayer de lui faire du tort.
Nous avons également demandé des explications à Michael Fraysse au fait qu’il soit pratiquement impossible de retrouver des profils publics d’employés de CN2I sur internet. Sa réponse: « les centres d’appels protègent leurs commerciaux en n’affichant pas leurs noms de famille ». Dans un récent communiqué de presse, il avait pourtant précisé que le « département hôtellerie » de CN2I est « composé de plus de 80 salariés ». 80 salariés pour le seul département hôtellerie, sans compter le département EHPAD et le département solaire et photovoltaïque…
On apprend ailleurs que « 17 collaborateurs Actifs sont arrivés successivement depuis Février 2021 ». Le groupe CN2I devrait donc bien compter, au minimum, une bonne centaine de personne. Et pourtant, nous n’avons pas trouvé d’existence sur internet à ces employés. Mais cela ne prouve rien mais c’est assez exceptionnel pour être souligné. Sur le réseau professionnel Linkedin, C2NI n’a que deux employés, Michael Fraysse et Christophe Alfaiata.
Nous avons également pu déterminer que des conseillers ayant travaillé pour CN2I travaillent désormais pour BBH, une société dont nous avons déjà parlé à propos d’investissements dans les crèches. Or, des clients de CN2I se voient justement proposer aujourd’hui des investissements dans les crèches.
Dans un échange de textos, Michael Fraysse nous a avancé l’explication suivante: « (Linkedin) n’est pas le porte parole de l’Urssaf et comme tous réseaux sociaux il n’est pas une obligation d’y adhérer. Une page linkedin ne prouve en aucun cas le nombre de salariés présent dans mon groupe. (…) Ce n’est pas exceptionnel que les gens aient envie de préserver leur vie privée. Effectivement, 80 salariés faisaient partie du groupe en Europe incluant ceux du département hôtellerie qui a été fermé ».
11% de bénéfices mais des risques de pertes en capital
Ce que Philippe Gayard, « Consultant clientèle Grands Comptes » chez CN2I, nous avait proposé, en novembre 2020, c’était d’investir dans les panneaux solaires. Un placement qui devait nous rapporter au moins 6% par ans et jusqu’à 8% si nous y investissions plus de 160 000 euros. Nous n’avions pas donné suite. Mais nous avons été recontactés il y a quelques semaines pour une proposition d’investissement en EHPAD, jusqu’à 11%, sans doute garantis, avant impôts.
Des mentions légales font subitement leur apparition sur seniords.fr
Difficile d’évaluer le sérieux et la réalité de ces investissements. Ils ne sont pas eux-mêmes frauduleux mais peut-être simplement ambigus. Ils affichent généralement des promesses de taux de rémunération fixe, donc à priori garantis, à une forme d’investissement risquée, donc à priori avec un risque de perte en capital. En effet, avancer une rémunération du capital n’a de sens que si elle engage. Si le retour sur investissement n’est pas garanti, cela signifie qu’il existe un risque de perte en capital. Ca peut fonctionné comme prévu. Mais les investisseurs peuvent tout perdre alors qu’ils pensent généralement le contraire.
ID, 'entite', true); if(!empty($entite)) $entiteWithSpace = str_replace(['_'],[' '],$entite); $nb = countVictimsMERFor($entite); ?>Vous êtes victime de cette arnaque ? Obtenez justice !
Or, l’investissement proposé ici, semble être un achat de parts de société, dont la valeur est susceptible de monter, mais aussi de baisser. Comme nous l’écrit Michael Fraysse, « nous sommes dans l’obligation de rappeler que tout investissement quel qu’il soit comporte toujours un risque. De ce fait, tout investisseur doit s’assurer au préalable que ses ressources financières seront suffisantes pour lui permettre d’assumer ce risque ainsi que de s’assurer qu’il n’a pas un besoin de rendre liquide son investissement ou d’obtenir le remboursement de ce dernier. Comme pour tout investissement, il existe des risques de pertes de capital ».
Nous n’avons pas eu accès aux documents contractuels, qui seuls font foi sur le fonctionnement réel de ces investissements proposés dans les panneaux solaires, l’hôtellerie ou les EHPAD. Mais a en croire les réseaux sociaux, c’est le genre de krach qui guette CN2I. Sur ce forum, un collectif d’investisseurs en peine de recevoir ses bénéfices est en train de s’agréger, joignable via l’adresse mail suivante: recours.cn2i@gmail.com. Plusieurs d’entre eux annoncent avoir subitement cesser de recevoir leurs bénéfices sans recevoir pour cela la moindre explication et sans pouvoir joindre Michael Fraysse.
La virulence des échanges a incité Michael Fraysse à répondre sur ce forum par un communiqué de presse, dans lequel il admet que son groupe fait fasse à d’importantes difficultés financières et explique avoir du transférer le capital investi dans l’énergie solaire vers le « département hôtelier » pour faire face à ces difficultés. Il confirme à cette occasion l’ambiguïté de la présentation de ces investissements: « comme il est stipulé depuis 2009 sur les 95% des Contrats du département Solaire, que le revenu moyen est un Revenu dit “Moyen espéré”.
De nouveau par texto, Michael Fraysse nous a apporté des explications qui rendent la situation encore plus confuse. Il prétend que c’est lui qui est à l’origine de ce collectif. « Notre démarche était de centraliser et de coordonner notre réseau client, pour apporter un maximum de rigueur et d’organisation suite aux problèmes liés au Covid. En parallèle, malgré cette action, les personnes comme Mr DANJOU ont voulu créer une équipe dissidente, ne suivant pas le processus interne du groupe », nous écrit-il.
Un site « en construction » mais qui démarche des investisseurs
S’agissant de sa dernière offre en date, l’investissement chez Seniords.fr, Michael Fraysse nous a expliqué dans un échange de textos que « Senior DS n’est pas encore référencé sur Google car le site est en construction. De ce fait, nous ne cherchions à attirer aucun public par le Net ». Or seniords.fr est bien référencé sur Google.
Et un épargnant s’est pourtant vu proposer d’investir dans seniords.fr il y a environ un mois. Il continue d’ailleurs d’être relancé par mail alors qu’il leur avait demandé d’effacer « ses coordonnées personnelles » et de « cesser tout contact ». Initialement, ce site ne portait pas de mentions légales, ce qui nous avait portés à croire qu’il s’agissait d’une arnaque au faux investissement dans les EHPAD, comme il en existe de nombreuses. Dans les jours qui ont suivi notre premier article sur CN2I, des mentions légales sont subitement apparues. Le site à été perfectionné et relié à un formulaire de demande de contact.
Autre incongruité, CN2I se présente comme adhérent au Syndicat National des Professionnels de l’Immobilier. Or, nous l’avons cherché sur le site du syndicat sans pouvoir le trouver. CN2I est domicilié au 78 allée Jean Jaurès à Toulouse. Or aucun adhérent de ce syndicat ne semble avoir cette adresse. Le plus proche est au 67, à quelques numéros. Une source anonyme nous a confirmé que CN2I ne fait pas partie de ce syndicat.
Michael Fraysse prétend avoir fait partie de ce syndicat de 2006 à 2020. « Mais fin 2020, nous avons décidé d’arrêter cet agrément car nous n’y voyions aucuns avantages » nous a-t-il écrit. « Nous sommes actuellement en cours de réflexion avec un autre syndicat national répondant plus à nos attentes ».
Sollicitée par nos soins et par un épargnant, Epargne Info Service, le service de conseil aux épargnants de l’Autorité des Marchés Financiers nous a répondu à propos de Seniords que « la société SENIORDS, exploitant le site https://seniords.fr/ ne bénéficie d’aucune autorisation pour exercer une activité régulée sur le territoire français. Elle n’est donc pas autorisée à proposer des services d’investissement, à procéder à une communication à caractère promotionnel ou à un démarchage auprès des investisseurs français ».
« Il n’y a donc (…) de cessions de parts proposées à nos futurs associés. Or l’AMF a pour rôle de contrôler les émetteurs d’actions. Ce qui n’est pas notre cas » se défend Michael Fraysse. « Nous sommes dans le cadre d’exonérations d’agréments concernant les associés au sein de notre foncière. Et nous respectons les 8 millions de plafond par véhicule, accompagné par des Fonds Privés. C’est à dire par projet immobilier par domaine SERENiTY ».
Des annonces immobilières transformées en projet d’investissement en EHPAD
CN2I propose d’investir dans des EHPAD. « Nos villages Serenity en cours » peut-on lire sur le site.
Que signifie « en cours »? Dans l’esprit des dirigeants de CN2I, cela ne signifie pas que le bâtiment a été acheté, que les travaux ont commencé ou que l’EHPAD fonctionne. Cela signifie surtout qu’une annonce immobilière a sélectionnée, qu’on a repris la photo de l’annonce et qu’on l’a intégré sur le site de CN2I sous forme de « projet en cours ». Ainsi retrouve-t-on l’un des trois projet « en cours » sur le site se loger.
La presse reprend les informations de Warning-Trading
Quatre mois après la publication de cet article, la presse quotidienne régionale s’est faite l’écho des événement que nous relatons. La dépêche.fr a publié le 19 août 2021 un article intitulé « Salaires impayés, faux partenariats, licenciements… Une entreprise toulousaine fait vivre un cauchemar à ses salariés » à propos de CN2I et de Michael Fraysse.
Le journaliste semble confirmer nos information mais angle son article sur les salariés qui ne reçoivent plus de salaires de CN2I et se mobilisent pour obtenir justice. A quand une mobilisation des investisseurs?
Depuis la publication de cet article, nous avons également exploré les liens entre Michael Fraysse, Robert Fresco, CN2I et l’affaire Legendre Patrimoine.
Mickael fraysse arrêté en Colombie
Mise à jour au 27 décembre 2022
Une internaute nous a fait parvenir ce message:
« C’est bien le conseiller Philippe Gaillard qui m’a démarchée par téléphone pour la vente de kit solaire exploités par CN2I. J’ai acheté un kit en mars2021 et le nom Philippe Gaillard apparaît bien sur mon « contrat de réservation » .Ce PG m’a certifié par mail en date du 16/02/21 que je n’avais pas de TVA à régler avec le kit (20%), car c’était CN2I qui se chargeait de l’avancer avant de le récupérer auprès du trésor public. En juillet 21: changement de programme : PG me réclame (suite à revirement de position du trésor public) les 20% de TVA. Et s’ensuit un véritable harcèlement pour cette TVA »
Misa à jour au 13 décembre 2022: Michael Fraysse arrêté en Colombie après un mois de traque. Source: La dépêche du Midi et Le Figaro.
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