Si le déconfinement a pour but de relancer l’activité économique, il ne laisse pas sans reste l’activité boursière. Même si l’on est loin des conditions de marchés de janvier 2020, le retour progressif à une certaine vie normale a poussé les régulateurs à lever certaines mesures prises antérieurement pour protéger le marché financier. L’AMF en France et la FSMA en Belgique viennent de lever à compter du 19 mai 2020 leur interdiction d’ouvrir ou d’augmenter des positions à très cours terme.
Une interdiction visant à prévenir les impacts du COVID-19 sur les marchés financiers
C’est en « considérant que l’épidémie de Coronavirus et les incertitudes entourant ses conséquences sur l’économie représentaient une menace sérieuse pour la confiance des marchés » que cette décision d’interdiction avait été prise par l’AMF et d’autres régulateurs nationaux comme la FSMA en Belgique, mi-février
En effet, le marché était uniformément orienté à la baisse avec des incertitudes considérables sur son ampleur future, et une montée des ventes à découvert aurait pu avoir une influence procyclique que les gendarmes des marchés financiers ont souhaité éviter en mettant en œuvre cette mesure exceptionnelle.
La décision d’interdire la création ou l’augmentation des positions courtes avait été prise à la mi-mars dans la plupart des pays de l’ESMA (17 mars en France, 18 mars en Belgique). Elle a été reconduite à la mi-avril pour encore un mois, l’échéance tombant au 18 mai 2020 à 23h59.
Les régulateurs toujours en alerte
Cette décision de lever l’interdiction de créer ou d’augmenter des positions courtes n’est évidemment pas un simple mode de déconfinement, les régulateurs disent avoir relevé une normalisation progressive des indicateurs de risque des marchés financiers. Et pour cause : « les marchés ont réduit une partie de leurs pertes et les volumes de transaction et la volatilité sont revenus à des niveaux certes élevés par rapport à mi-février, mais qui reflètent les incertitudes des intervenants dans le contexte actuel. Observée jusqu’à 84 en clôture le 16 mars, la volatilité est ainsi revenue à un niveau de 30 et le volume quotidien moyen observé sur Euronext est passé de 12 à 4 milliards d’euros pour le CAC 40. Cette normalisation a aussi pu être observée sur les autres marchés ayant fait l’objet d’une interdiction similaire. »
A cette analyse de l’AMF, la FSMA ajoute quatre autres indicateurs :
- Plusieurs sociétés cotées possèdent désormais une meilleure vision de l’impact du Covid‑19 sur leurs activités et ont communiqué des informations à ce sujet au marché ;
- Depuis la mise en place de la mesure d’interdiction, les positions courtes ont été en constant repli ;
- Une grande partie des pertes subies du fait du COVID-19 est déjà compensée par le marché ;
- La crise sanitaire elle-même connait un franc recul et même si l’on ne peut encore parler d’une totale maîtrise, « le nombre de personnes infectées et le nombre de patients admis en soins intensifs ont baissé »
Encouragés par tous ces indicateurs, les régulateurs français et belge en concertation avec l’ESMA et les autorités nationales autrichienne, espagnole, grecque et italienne qui ont pris elles aussi des mesures similaires, ont décidé de ne pas renouveler l’interdiction portant sur les positions courtes.
Toutefois, l’effet COVID-19 est loin d’être passé, les conditions de marché demeurent très fragiles et c’est pourquoi les régulateurs n’entendent pas baisser la garde. En Belgique, la FSMA se dit toujours « vigilante et continue de surveiller étroitement les marchés pour agir au cas où l’évolution des conditions de marché le justifierait ». En france, dans son communiqué, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) affirme elle aussi qu’elle continue à suivre attentivement l’évolution des marchés et reste en relation étroite avec les autres autorités de régulation. Et « Si jamais la situation des marchés le nécessitait, [elle] appelle de ses vœux une réaction coordonnée à l’échelle européenne. »
Pour finir, il faut rappeler que, si la mesure d’interdiction d’ouverture et d’augmentation des positions courtes nettes a été levée, « la décision de l’ESMA d’abaisser le premier seuil de déclaration des ventes à découvert, de 0,2% à 0,1%, est toujours en vigueur ».