Piratage informatique, « rip deal » ou arnaque à la transaction, usage de bitcoin… les arnaques dans le secteurs des biens immobiliers prennent différentes formes pour faire toujours plus de victimes. Retour sur les récentes machinations.
Des hackers dans l’immobilier
Aux États-Unis, le nombre de victimes par piratage informatique dans le secteur de l’immobilier a été multiplié par 10 entre 2015 et 2017.
Selon la police fédérale américaine, 10 000 victimes ont enregistré des plaintes en 2017 pour une perte cumulée de 48 millions d’euros. La technique employée ? Après avoir espionné les échanges de mails entre agent immobilier et client, le hacker agit juste au moment du paiement électronique. A ce moment, il usurpe l’identité de l’agent immobilier pour tromper l’acheteur en lui donnant de nouvelles coordonnées bancaires sur lesquelles le virement peut être adressé. Une fois sur deux, l’arnaque est démasquée trop tard ; les fonds ont disparu dans un parcours bancaire obscure. L’acheteur n’a plus qu’à engager la responsabilité de l’agence immobilière ou de l’intermédiaire.
Selon les interviews menées par le magazine Capital auprès de spécialiste en sécurité informatique, les réseaux de hackers mettant en œuvre ce type de fraudes semblent venir de l’étranger, notamment de Russie et d’Afrique. Désormais, le phénomène touche peu à peu l’Europe : la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne sont également confrontées à ce piratage.
Lire aussi : Le phishing par SMS prend de l’ampleur !
Le rip deal : une recrudescence sur la Côte d’Azur
Depuis 2017, des arnaques à la transaction immobilière n’ont cessé de se répéter en Europe. Au terme d’une enquête menée par l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) , huit personnes ont été interpellées, et sept d’entre elles écrouées, en mars 2018.
Sur la Côte d’Azur, dans les Alpes, mais aussi à l’étranger, des vendeurs de biens immobiliers ont été sollicités par des acheteurs leur proposant des rencontres dans des lieux prestigieux (palaces, carré VIP de manifestations sportives, grands restaurants, etc.). Mis en confiance dans cette ambiance de luxe, les vendeurs (commerçants, hommes d’affaire, propriétaires immobiliers) sont rapidement convaincus par le discours de leurs acheteurs potentiels qui leur propose un dessous de table pour échapper au fisc ou avoir des taux de change avantageux. En acceptant, le vendeur se voit réaliser une partie de la vente légalement. L’autre, consistant à percevoir de l’argent sous forme liquide. C’est là que se tient le cœur de l’arnaque : des vrais billets sont discrètement et habilement changés en fausses coupures grâce à une table avec un double tiroir appelée « table de rip deal ».
Etant donné que le vendeur sait que cette transaction est frauduleuse, il hésite fortement à porter plainte. En plus des arrestations, les enquêteurs de l’OCRGDF ont mis la main sur des espèces, des bijoux et des montres de luxe, pour un total de 400.000 euros. 4 millions de fac-similés ont également été retrouvés.
Lire aussi : Une énorme escroquerie de 20 millions d’euros entre Nice et Tel-Aviv
Acheter sa maison avec des Bitcoin dans l’immobilier
Depuis 2017, en Floride et en Californie, le Bitcoin est accepté pour l’achat de biens immobiliers par certaines agences ou vendeurs. Même si plusieurs acteurs du marché se montrent septiques quant à l’utilisation de cette monnaie numérique très volatile dans l’immobilier, ce moyen de paiement reste une aubaine pour les étrangers incapables d’investir aux États-Unis par les moyens les plus classiques.
En effet, quand les gouvernements limitent le montant des transferts, le Bitcoin permet de contourner ces restrictions. Aux États-Unis, ce seraient notamment les Vénézuéliens et les Iraniens qui seraient intéressés par ce mode de paiement. Sans compter que c’est aussi une opportunité pour blanchir de l’argent.
Ce registre « laisse beaucoup d’empreintes digitales donc si vous l’utilisez pour des raisons illégitimes, l’État et le gouvernement fédéral devraient disposer de tous les outils pour venir vous chercher » précise Jose Felix Diaz, un politicien à l’origine de l’adoption d’une loi ayant intégré les cryptodevises à la législation de la Floride contre le blanchiment d’argent.
Lire aussi : Blanchiment d’argent : le secteur de l’immobilier ferme trop souvent les yeux