Ce vendredi, j’ai reçu un email provenant d’un courtier. Objet : « Partenariat »
J’en reçois beaucoup de ces messages, plusieurs par semaines.
Partenariat, cela signifie, pour ces commerciaux qui me contactent, de placer quelques bannières sur mon site et surtout de rediriger un maximum de nouveaux clients vers leur courtier.
Ils me proposent en échange une rémunération, qui correspond en fait à une partie de leur marge (de l’ordre de 200 à 500 euro par client référé). Plus je leur apporte de clients, plus je touche de commissions. Gagnant-gagnant ?
Dans un secteur aussi compétitif et rentable que le trading, les courtiers ont vraiment tout intérêt à développer ce type de « partenariat ». Leurs bases de clients sont le cœur de leur business model.
Le marketing traditionnel (presse, annonces, …) offine comme online est en effet très coûteux. De plus, les retours sur investissement sont loin d’être évidents.
Avec ces « partenariats » qui cachent tout simplement des ventes payées à la commission, les courtiers peuvent capter un trafic presque gratuit et faire connaître leur marque à une large audience.
Mais le mail que j’ai reçu allait plus loin que ça encore…
Lancer une marque blanche
On distingue 3 types de partenaires :
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- Les affiliés (Affiliates)
Ce sont des personnes (ou entreprises) qui font la promotion d’un courtier sur leurs sites internet ou via des campagnes email. Ils n’ont généralement pas de relation directe avec le courtier ni avec leurs clients. Ils effectuent un strict travail d’intermédiaire anonyme.
- Les affiliés (Affiliates)
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- Les apporteurs d’affaires (Introducing Broker)
Ce sont des personnes (ou entreprises) qui ont un rapport étroit et privilégié avec des clients cherchant à investir et des courtiers. Plus que la mise en relation, ils apportent une valeur ajoutée (conseil, support, information, et autres services).
- Les apporteurs d’affaires (Introducing Broker)
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- Les marques blanches (White Label)
Ce sont des entreprises qui reprennent une infrastructure existante (par exemple les flux et plateformes de trading d’un courtier) pour construire leur propre offre. Le but est de profiter d’une solution technique « clé en main » pour mieux se concentrer sur l’action commerciale.
- Les marques blanches (White Label)
Le courtier anglais à l’origine du message (London Capital Group – LCG – pour ne pas le nommer) m’offrait précisément la possibilité de créer ma propre marque blanche…
Comment ? Un courtier que je ne connaissais pas avant de recevoir ce mail, et qui ne me connait pas non plus d’ailleurs me propose de créer MA marque blanche ? Ceci après seulement 2 échanges de mails, sans même savoir ce que je suis en mesure de faire ou non ?
Mais je ne me suis pas du tout expérimenté dans la gestion des courtiers ! Comment je vais trouver des clients ? Quid des autorisations ? Est-ce que l’on créé une franchise immobilière en claquant des doigts ? Pourquoi cela serait-il le cas dans un secteur aussi sensible que la finance !?
Cette proposition est juste ridicule ! Je comprends vite que LCG veut me refourguer sa plateforme de trading afin que je devienne leur ambassadeur (avec une petite personnalisation pour satisfaire mon ego). Il faut dire que ça ne lui coûte rien à lui… mais ça peut rapporter gros.
Il aura suffit à une commerciale de taper « trading » ou « forex » dans google et de contacter chaque site internet avec le même discours. Elle ne me lâche pas, elle me répète sans cesse « nous sommes très sérieux, nous travaillons avec Saxo Bank ». Je tente de lui demander quelques chiffres, elle ne peut pas les donner, secret confidentiel ! OK… J’apprendrai plus tard que LCG est en difficulté financière.
Je me souviens d’un communiqué de la FCA (régulation anglaise) pour justement mettre en garde contre ce type d’abus. Le message n’a apparemment pas été très bien compris…
Ce que je pense de ces partenariats
Ce schéma d’intermédiaires où tout le monde prend sa commission est critiquable. Lorsque vous payez des frais de courtage, ils sont automatiquement répartis : affilié / apporteur d’affaire / marque blanche –> gestionnaire de compte –> manager –> direction –> actionnaires. Et il peut y en avoir encore beaucoup d’autres !
Pourtant, je suis convaincu que ces intermédiaires son utiles lorsque compétents.
Je citerai 3 exemples pour illustrer :
- Fabien Labrousse, de videobourse.fr qui monétise son site via l’affiliation (comparatif des courtiers, fiches, …), ce qui lui permet de réaliser et diffuser des vidéo de qualité sur le trading.
- Nicolas Vitale, du site Alpha Novae, qui est apporteur d’affaire exclusif pour LMAX. Il propose une plate-forme de trading adaptée à ce courtier, un service en français, ainsi que que des stratégies algorithmiques de trading.
- Armada Markets, qui est une marque blanche du courtier LMAX. Simple, accessible (ne demande que 100 USD de dépôt minimum en comparaison des 50k USD demandés par LMAX), et avec des conditions de trading similaires voire meilleures que celles du courtier mère.
Ce que je critique ici, c’est encore une fois la politique agressive et trompeuse de certains courtiers.
Car il n’y a dans ce cas qu’un seul gagnant : le courtier lui-même, et 2 perdants : le client final qui paiera cher des commissions de courtage sans pour autant bénéficier de conditions de trading satisfaisantes. Et le partenaire, qui devra se démener pour trouver des clients contre une hypothétique rémunération…
C’est le dernier point que je voudrais mettre en avant dans cet article. Si vous souhaitez vous lancer dans l’industrie du trading, que ce soit en tant qu’affilié, qu’apporteur d’affaire, ou que marque blanche, sachez qu’il est extrêmement difficile d’en vivre.
J’ai connu une personne qui croyait pouvoir se payer un salaire avec des commissions affiliées en… spammant des comptes linkedin pour démarcher des traders. Oui, à moins d’un plan solide et d’une vraie stratégie, le retour à la réalité est rude !